MALKMUS, Stephen – Face The Truth
Line-up : Stephen Malkmus (voix, guitares), Joanna Bolme (guitare basse), Mike Clark (claviers) et John Moen (batterie, choeurs). Stephen Malkmus est le leader du regretté Pavement. Ses compositions sont plus qu’originales et sa musique inclassable. Cet album a été conçu et réalisé en grande partie dans le studio personnel de Malkmus. Les membres de Jicks lui ont donné un petit coup de main.
« Pencil Rot » commence par des distorsions et des effets électroniques. La voix émerge ensuite, comme pour recommander un peu plus de sagesse. Cela ne ressemble pas vraiment à Pavement, sauf peut-être à « Wowee Zowee ». Le jeu de Malkmus à la guitare est très bon et les harmonies vocales très engageantes. C’est un très bon morceau, finalement, idéal pour débuter l’album.
« It Kills » débute par des riffs de guitare percutants avec une rythmique sobre à souhait. Il y a là un côté psychédélique patent. La partie vocale est complètement folle, quelque part entre Todd Rundgren, Mick Jagger (« Who is Mick Jagger ? », voit-on parfois sur certains T-shirts) et Jeff Lynne (ELO), non par le timbre de voix mais par l’esprit.
« I’ve Hardly Been » démontre le côté schizo de Malkmus. La voix, les bruitages, les envolées à la guitare sont complètement déconnectés. Le reste est à l’avenant. Génial !
« Freeze The Saints » ressemble plus à une ballade traditionnelle accompagnée à la guitare électrique et à la guitare acoustique. Son caractère très doux est en porte-à-faux par rapport au reste mais c’est le morceau le plus classique de l’album et, à vrai dire, un des meilleurs. Notre ami devait être très calme quand il a composé cette petite merveille de simplicité.
Dans la même mouvance de ballade douce amère, « Loud Cloud Crowd » a un air de ressemblance avec Simon & Garfunkel mais aussi avec la musique traditionnelle écossaise. Très bon morceau en tout cas.
Assez long, « No More Shoes » est dominé par la guitare, remarquablement jouée, avec notamment un jeu arpégé parfait, mais les harmonies vocales sont aussi un point fort de ce titre un peu déroutant qui part en crescendo pendant que la basse soutient très bien une batterie très efficace, tout en restant parfaitement sobre. La deuxième partie est plus créative et surprenante en raison des parties vocales décalées mais le jeu redevient normal et on retombe dans une ballade dotée d’une très belle mélodie. La fin est démentielle.
Très belles harmonies vocales pour « Mama », un morceau acoustique au début mais qui verse rapidement dans une démonstration incroyable à la guitare électrique. La fin émane d’un esprit malade mais ô combien sympathique.
« Kindling For The Master » est un rock assez appuyé mais agrémenté d’effets électroniques et de parties vocales surprenantes. Quelques motifs sont répétés comme un leitmotiv et soulignés par une guitare dont le jeu frise la perfection. Les synthés ne sont pas en reste et donnent une réplique tout en douceur et en créativité.
« Post-Paint Baby » semble d’abord plus classique au début mais débouche rapidement sur un jeu de guitare souligné par une basse très efficace. Le batteur frappe à qui mieux mieux sur ses tambours, comme si sa vie en dépendait. « Baby C’mon » est un mid tempo qui traîne sa flemme et voit apparaître un chanteur plus hargneux dans un style parfois proche du hip hop.
Plus électro, « Malediction » est aussi un morceau bâti autour d’une mélodie, avec des synthés omniprésents et la voix suave de Stephen Malkmus. Très kitsch.
Très bon album qui révèle la versatilité d’un grand artiste, entouré de bons musiciens. La première partie est assez sauvage mais la suite est plus rangée, comme si notre héros de la guitare voulait assurer la transition entre passé et avenir. Cela n’a plus grand-chose à voir avec Pavement ni avec les Jicks mais cela augure bien de l’avenir : Stephen Malkmus n’a pas son pareil pour varier le menu.
Pays: US
Matador / Munich Records / Konkurrent WIGCD 156
Sortie: 2005/05/23