KILLS (The) – No Wow
VV (de son vrai nom Alison Mosshart) et Hotel (de son vrai nom Jamie Hince) sont The Kills. Elle est Américaine, il est Anglais. Ils se rencontrent à Londres pendant une tournée qu’elle effectue avec son groupe Discount. Lui joue dans le groupe Scarfo. Quand elle retourne en Amérique, ils correspondent par mail. Elle finit par venir s’installer à Londres.
Influencés par le Velvet Underground, ils jouent une musique post punk brute, minimaliste, très crue, très branchée sexe. Elle chante, il joue de la guitare et enregistre des parties de batterie sur bande. Leur jeu de scène va très loin dans le suggestif. Ils ont surtout un son incomparable dans le rock underground. Leur but avoué est de faire de l’art total, comme leur modèle.
Ils partent en Amérique et jouent dans de petites salles. En 2002, ils enregistrent un EP, « Black Rooster ». En 2003, c’est leur premier album : « Keep On Your Mean Side ». Vient alors l’album « No Wow » en février 2005.
Le morceau « No Wow » entame l’album sur des vrombissements percussifs, suivis par les riffs de Hince et le chant de VV, qui oscille entre le style déjanté de Karen O, la classe discrète de Polly Jean Harvey et la sauvagerie punk intelligente de Patti Smith à ses débuts. C’est sans conteste un des meilleurs titres de l’album. Suit un titre caché intitulé « Telephone Radio Germany », non répertorié sur le CD mais bien sur l’édition spéciale avec DVD. C’est une suite de bruits bizarres de syntonisation avec en toile de fond la voix de VV.
« Love Is A Deserter » est un autre morceau ponctué par les riffs sauvages de Hotel, alors que la voix de VV oscille entre séduction suave et rage féroce. L’inspiration vient de la vie quotidienne et de la vie en tournée pour ce couple étrange qui sait exactement ce qu’il veut.
« Dead Road 7 » est un peu plus calme, mais toujours aussi syncopé. On entend en alternance les roulements de la guitare et les éructations raisonnées de la chanteuse.
« The Good Ones » est un très bon morceau saccadé rendu hypnotique par la drum machine. La guitare ravage tout par ses riffs sanglants et la voix toujours bien placée de Alison Mosshart se fait plus insistante. La partie finale devient oppressante avant de se terminer de façon abrupte.
« I Hate The Way You Love » est aussi un titre formidable. Le rythme à contretemps déroute à tout bout de champ. La façon de chanter de la belle Alison, en vedette sur ce morceau, en séduira plus d’un ; son physique filiforme aussi. Comme le dit François Truffaut dans « L’homme qui aimait les femmes », « Il y a deux sortes de femmes : les longues tiges et les petites pommes ». Alison Mosshart est une longue tige.
Beaucoup plus calme mais avec des distorsions pas piquées des vers, « I Hate The Way You Love Part 2 » est encore un grand moment très original de ce CD.
Plus court, « At The Back Of The Shell » est aussi plus lent et toujours minimaliste ; c’est presque un lieu commun. Cette façon de jouer de la guitare et le rythme imprimé par la drum machine sont tout simplement imparables. Le caractère sexuel de ce titre est clair. Décrypter les paroles est un jeu d’enfant, si l’on peut dire.
Par opposition, « Sweet Cloud » accélère sur un rythme saccadé qui représente leur carte de visite. Ici, VV prend une part importante dans la qualité du morceau par son phrasé inimitable et son sens parfait du rythme pourtant très déroutant. Et puis il y a ce son immédiatement identifiable, à nul autre pareil, avec une fin abrupte.
Après quelques incantations, Alison Mosshart chante et bouge de façon convulsive sur « Rodeo Town », un titre sauvage, comme le nom l’indique en suffisance. La guitare tient lieu de soutien mais c’est ici que VV se surpasse, sur un rythme plus rock. Superbe !
« Murdermile » est encore plus sauvage et cartonne tous azimuts. C’est du rock à l’état pur, au sens étymologique et animal du terme. La voix de VV se fait séduisante pour mieux asseoir son pouvoir.
Alison Mosshart s’essaie au piano sur « Ticket Man » et ce qui est une faiblesse devient un atout : sa façon de jouer s’adapte à merveille aux percussions de Hotel, presque aussi novice qu’elle.
Il existe une édition spéciale avec DVD intitulée « I Hate The Way You Love » reprenant les titres suivants : « Intro », « Kissy Kissy », « Pull A U », « Cat Claw », « Black Rooster » et « Dropout Boogie ». Le film alterne les prises de vue très sexy sur scène, où la guitare devient parfois symbole phallique, en studio, où la guitare est reine, en voyage, en interview à l’hôtel ou dans une loge sordide, en noir et blanc ou en couleurs, en qualité dégueu ou excellente, dans un jeu subtil pour brouiller les pistes.
A écouter absolument, ce sont de futurs grands.
Pays: US/GB
Domino Recording / Munich Records WIGCD149X
Sortie: 2005/02/25