RAINBOW – Live In Birmingham 2016
Il est de ces groupes de légende qui marquent à ce point la mémoire musicale collective qu’il est parfois difficile de les retrouver sur scène après un hiatus de plusieurs années.
Après avoir quitté Deep Purple et mis entre parenthèses son groupe Rainbow pour se consacrer à un genre musical totalement différent avec Blackmore’s Night (musique d’inspiration médiévale), Ritchie Blackmore a finalement accepté de remonter sur scène pour jouer du hard rock avec son band Rainbow. Les fans n’en croyaient pas leurs yeux ni leurs oreilles. Les places se sont vendues comme des petits pains.
L’événement a été immortalisé par la sortie d’un double CD enregistré en live à Birmingham. Sur scène, le prodige de la guitare est entouré de Ronnie Romero (The Ferrymen) au chant, David Keith aux fûts, Bob Nouveau à la basse, Jens Johansson aux claviers, Candice Night (Madame Blackmore pour les intimes) et Lady Lynn aux backing vocals.
Toutes les conditions sont réunies pour vivre un grand moment à l’écoute de ce double album. C’est donc avec enthousiasme et une impatience non dissimulée que j’actionne la touche play de mon lecteur de CD…
L’intro en forme de clin d’oeil « Over The Rainbow » cède rapidement la place à un premier classique monstrueux de l’époque pourpre « Highway Star ». Le son est apparemment capté à la table de mixage. Si on entend plus ou moins correctement la voix de Ronnie Romero, le son des instruments est comme étouffé et manque de relief. Du coup, le solo de guitare du maître semble manquer de panache…
Arrive ensuite le premier vrai morceau de Rainbow, l’excellent « Spotlight Kid ». En fait, en regardant la tracklist, je me rends compte qu’il y a au total plus de morceaux de Deep Purple que de Rainbow. Bizarre, comme si l’ami Ritchie essayait de revendiquer sa part (indiscutable) dans l’héritage de ce groupe fondateur que fut le pourpre profond…
Retour au répertoire pourpre avec le géantissime « Mistreated ». La guitare est toujours trop en retrait à mon goût. Ronnie Romero est impeccable dans son interprétation vocale. J’imagine que la salle est aux anges. Vient ensuite une version un peu inhabituelle du grand classique arc-en-ciel « Since You’ve Been Gone ». Quel pied de retrouver ce superbe grand standard du groupe. Le groupe enchaîne avec un de ses autres plus grands succès, l’incontournable « Man On The Silver Mountain ». Si la magie opère toujours, je déplore que la technique fasse faux bond avec un rendu qui manque clairement d’éclat…
Le son est assez faible sur le début de « Soldier of Fortune », ce qui empêche de profiter pleinement de toutes les nuances de ce morceau. Le groupe enchaine ensuite avec « Difficult To Cure » et le monstrueux « Catch The Rainbow », véritable hymne du groupe co-écrit avec l’irremplaçable Ronnie James Dio.
Le second CD ouvre sur un autre grand classique purple-ien « Perfect Strangers ». Là, je dois bien avouer que si la voix est parfaite, le son est tellement moyen qu’on pourrait se croire face à un simple cover band… Le même commentaire s’applique à la suite de ce deuxième CD. Si « Long Live Rock’n’roll » est encore potable, le cultissime « Child In Time » est par moment inaudible au sens littéral du mot. Une version globalement correcte, mais qui reste cependant loin d’égaler celle avec Jon Lord aux claviers et Steve Lee au chant…
Sans vouloir paraître passéiste, « Stargazer » nous rappelle également à quel point Dio manque et n’a toujours pas trouvé de réel successeur, même si Ronnie Romero a un talent indéniable. Après ce passage très Rainbow, retour à la case Deep Purple avec un medley « Black Night »/« Woman From Tokyo ». Le public reconnaît le morceau au quart de tour et se met à entonner le refrain à tue-tête, rejoint ensuite par les musiciens. Romero continue d’assurer comme un pro tout le long.
On se dirige lentement vers la fin du concert avec deux reprises pourpres, sans doute les deux plus célèbres morceaux de la formation : « Burn » et « Smoke On The Water ».
Le bilan est donc quelque peu mitigé et ce pour deux raisons. La qualité technique de l’enregistrement d’abord, qui est franchement décevante pour un groupe de ce calibre (on n’entend pas assez la guitare de Blackmore et pour ainsi dire pas les chanteuses aux backing vocals). Ensuite, le choix des morceaux qui fait la part belle aux titres de Deep Purple, là où l’on aurait pu espérer que Rainbow revisite davantage son excellent répertoire. Signalons aussi que certains arrangements en live ont l’air un peu approximatifs (notamment au niveau de la batterie et de la basse) et que la fin de certains titres est un peu abrupte.
Pour le reste, un maître de la guitare toujours au sommet de son art et un chanteur particulièrement en voix font que ce concert a dû être mémorable à vivre. Dommage que son rendu ne soit pas à la hauteur… Pas facile tous les jours d’être une légende!
Liste des morceaux :
- Highway Star
- Spotlight Kid
- Mistreated
- Since You’ve Been Gone
- Man On The Silver Mountain
- Soldier Of Fortune
- Difficult To Cure (Beethoven’s Ninth)
- Catch The Rainbow
- Perfect Strangers
- Long Live Rock’n’Roll
- Child In Time
- Stargazer
- Black Night/Woman From Tokyo
- Burn
- Smoke On The Water
Pays: GB
Ward Records
Sortie: 2017/05/31