ICED EARTH – Incorruptible
Grand et musculeux guerrier païen, vous chevauchez seul au monde votre licorne blanche, vous tuez l’énorme dragon rouge qui terrorisait le village après un combat enragé, puis vous kidnappez la Princesse à qui vous faites l’amour dans une forêt enchantée pendant 40 lunes avant de repartir arpenter ce monde régi par le tyran démoniaque qui a assassiné vos parents et pour qui vous souhaitez ardemment organiser une rencontre définitive entre son cœur 50% méchant 50% soufre et le fil de votre épée magique légendaire avant de lui trancher la tête pour vous en faire un coussin moelleux.
Ainsi s’accomplira votre destin.
Et celui de vos Brothers of Metal.
Force et Honneur.
Si aucune de ces images ne vous fait un peu voyager, le Power Metal n’est peut-être pas pour vous.
Mais voilà. Règle numéro 1 du Power Metal: ne jamais bouder son plaisir. Règle numéro 2: ne pas réduire le Power Metal à ces clichés.
Et voici que les vétérans américains de Iced Earth envahissent à nouveau le champ de bataille avec un douzième album studio épique, plein de fougue et de bravoure, grandiloquant mais jamais kitsch.
Guitares rythmiques précises et riffs héroïques (la marque Jon Schaffer), chanteur efficace passant sans prévenir d’une voix de ténor à des notes suraiguës (Stu Block), solos de guitare virtuoses à reprendre immédiatement dans un concours de Air Guitar (le phénomène Jake Dreyer) et l’excellent duo basse-batterie (Luke Appleton et Brent Smedley) se chargeant de lier l’ensemble comme la forge fait fondre le fer et le charbon pour constituer l’acier dont on tire les armes de guerre, « Incorruptible » est une bonne livraison de Iced Earth.
Iced Earth s’adresse à ses fans en priorité et on ne va pas le leur reprocher. Le sentiment qui domine à l’écoute de « Incorruptible » est d’être en terrain connu. Peut-être un peu trop connu si on ne jette une oreille qu’au premier morceau « he Great Heathen Army » qui procure une pénible sensation de déjà-entendu.
Mais Jon Schaffer, tête pensante du groupe, n’est pas n’importe qui et sait composer des refrains efficaces (« aven Wing ») ou des morceaux plus tranchants dont le très bon « efiance ».
Pourtant c’est quand il s’engage du côté de l’histoire américaine qu’il offre ses plus belles compositions: « host Dance », hommage instrumental aux natifs indiens massacrés et « lear the Way (december 13th, 1862) », autre hommage, aux brigades irlandaises de la guerre de sécession cette fois.
« Incorruptible » est exactement ce que l’on attend de Iced Earth: un Power Thrash Metal ambitieux joué par des musiciens talentueux qui déploient une énergie de tous les instants.
Il ravira les fans, il séduira de nouveaux auditeurs et guidera même certains vers les anciens opus. Il ne fait peut-être pas partie des indispensables de la carrière du groupe; il est bon et s’écoute avec un certain plaisir mais ne parvient pas complètement à atteindre le lyrisme qui en ferait une merveille de leur discographie, en cause, certains pièges tendus par la règle numéro 2 que ne parviennent pas toujours à éviter les morceaux de l’album.
De là à dire qu’on peut s’en détourner, il y a un pas que je ne franchirai sûrement pas (voir règle numéro 1) car Iced Earth est le genre de groupe qui joue avec le volume de l’ampli sur 11 et qui sait transmettre son émotion du Metal avec une générosité jamais feinte.
Alors, même si vous n’êtes pas un inconditionnel de Conan le Barbare ou que votre licorne s’est enfuie, arrêtez-vous sur les terres gelées de ce groupe légendaire, mettez le volume à fond et laissez faire la magie.
Pays: US
Century Media
Sortie: 2017/06/16