ADRENALINE MOB – We The People
Lorsque le premier album d’Adrenaline Mob (« Omerta ») est sorti en 2012, on pouvait parler de véritable surprise. En effet, dans l’imaginaire des fans et autres amateurs de rock, un projet réunissant deux des ténors du Metal progressif (Russel Allen et Mike Portnoy) accompagnés d’un guitariste prodige (Mike Orlando) ne pouvait qu’enfanter un bon opus de… Metal progressif ! Déception pour certains ou excellente découverte pour les autres, nos surdoués avaient juste envie de se faire plaisir en balançant un bon gros Metal US bien lourd, mélange hybride de Groove Metal, Metal alternatif et Hard Rock mélodique. Reprenant ici et là les recettes efficaces d’un Godsmack aux allures de Disturbed saupoudrés d’une touche de Nickelback ou mieux Alter Bridge (pour les mélodies de certains refrains), le combo ricain y ajoutait une finesse technique inhérente à la maîtrise musicale de leurs talents respectifs.
L’album suivant, « Men Of Honor », enfonça le clou de fort belle manière malgré le départ de Portnoy remplacé par feu A.J. Pero (Twisted Sister). Suite au décès de ce dernier (crise cardiaque) en 2015 et au départ du bassiste John Moyer (Disturbed), la paire directrice du projet (Allen/Orlando) recrute le jeune et talentueux batteur Jordan Cannata et l’excellent bassiste David Zablidowsky (Trans-Siberian Orchestra, SOTO).
Au menu de ce « We The People », on retrouve sensiblement les mêmes ingrédients : un Metal US moderne et puissant remarquablement interprété, d’un niveau technique rarement atteint dans ce style et servi par une production énorme et très « rentre-dedans ». En effet, si le son de batterie est magnifiquement rendu, permettant facilement d’identifier les composantes de l’artillerie rythmique du cogneur de service, il est cependant un peu trop mis en avant par le mix général. Ce que l’on gagne en puissance, on le perd en subtilité : particulièrement sur la pourtant superbe semi power-ballade « Blind Leading the Blind ».
Dès l’entame des hostilités, Adrenaline Mob ne surprend guère avec « King Of The Ring ». Sans être exceptionnel, ce titre ouvre idéalement l’album sur des riffs qui évoquent fortement Disturbed … d’ailleurs, si on imagine un instant David Draiman chanter ce titre ça pourraît même devenir gênant. Heureusement, Allen est immédiatement reconnaissable grâce à sa puissance et sa classe. La performance vocale de l’intéressé est à la mesure de son talent. On sent l’expérience d’une carrière déjà riche qui lui permet de toujours garder la maîtrise de son organe, que ce soit dans la mélodie ou les vocalises plus rageuses.
Cet équilibre se retrouve également dans la musicalité générale de l’œuvre. L’alternance entre le Metal à gros riffs puissants et les mélodies est un poil plus marquée que sur « Men Of Honor ». Aussi minime soit-elle, cette prise de risque pourrait faire grincer des dents une partie du public. Pourtant, c’est justement grâce à cette ventilation que l’album évite de lasser. Des titres comme « Killer Inside » et « Chasing Dragons » en sont le parfait exemple. Le combo ricain flirte parfois avec le pur Hard Rock mélodique, mais toujours avec ce côté rageur et un savoir-faire impressionnant.
Mike Orlando assène riffs et soli avec une impression de facilité déconcertante. On sent ici et là que la collaboration éphémère avec Zakk Wylde (Ozzy) a laissé des traces dans son jeu. Mais en plus de cela, il arrive à faire preuve d’une créativité de plus en plus rare de nos jours, comme sur le break instrumental très prog’ de « Violent State Of Mind » où il est remarquablement soutenu par la section rythmique.
Ce qu’on peut reprocher à cet album par contre, outre la batterie trop mise en avant, c’est sa longueur. En effet, quelques titres un peu moins inspirés (« Ignorance And Greed » notamment) le rendent moins facilement digeste lors des premières auditions. Par contre, la fin de l’album (les quatre derniers titres) est particulièrement jouissive grâce à « Lords Of Thunder », véritable perle de Metal Sabbathien période Dio, ainsi que la très bonne reprise du célèbre « Rebel Yell » de Billy Idol.
Si pour ma part les deux ou trois premières écoutes m’ont laissé perplexe, je me suis laissé séduire ensuite pour finalement prendre beaucoup de plaisir avec ce « We The People ». Malgré ces quelques défauts énoncés plus haut, cet album donne l’occasion à Adrenaline Mob de marquer son territoire et confirmer ses ambitions.
- King of the Ring
- We The People
- The Killer’s Inside
- Bleeding Hands
- Chasing Dragons
- Til the Head Explodes
- What You’re Made Of
- Raise ‘Em Up
- Ignorance & Greed
- Blind Leading the Blind
- Violent State of Mind
- Lords of Thunder
- Rebel Yell
Pays: US
Century Media Records
Sortie: 2017/06/02