DIVINITY – The Immortalist
Le métalleux aime le Metal (félicitations au chroniqueur pour cette bouleversante révélation).
Le métalleux sillonne inlassablement l’immense réseau de routes Metal lisses ou cabossées ; les autoroutes conduisant aux cercles de l’enfer ou à la gloire ; les chemins de traverse menant à des stades remplis de pileux hurleurs ou, parfois, à la solitude d’une chambre où vers 3 heures du matin, l’obscur EP d’un sombre groupe aura, par miracle, atterri dans son casque en lui susurrant les mots exacts de sa vision du monde.
Mais le métalleux a ses préférences.
Il n’écoute pas n’importe quel genre et sous-genre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
Dans mon lit (révélation coquine), je m’endors souvent avec des scandinaves dépressifs mais je m’y réveille avec des thrashers jouant de la guitare avec des lames de rasoir. Je marche dans la rue avec des gars qui se préparent à envahir et piller des villages pour la gloire d’Odin, je travaille avec mes classiques et je mange mon sandwich avec la liste de ce qu’il me tarde de découvrir.
C’est dans la catégorie « les petite matins qui gueulent » que se situe le troisième album des Canadiens de Divinity, « The Immortalist » (compilation de leurs trois EP’s « Awestruck », « Momentum » et « Conqueror » réunis ici en une galette).
30 pompes,200 abdos et 20 tractions au saut du lit, une douche énergique, un bon gros petit déjeuner des champions pour bien attaquer la journée, des pancakes, du jus d’orange frais, des œufs, plein de bacon et beaucoup de café fort et direction la salle de sport pour aller soulever de la fonte.
C’est très musclé, c’est plein de santé, c’est insolent de santé même. On voit le résultat de tout ce sport sur la cover, le dos d’une statue de pierre aux muscles puissants et à la couleur vert pâle qui, l’espace d’un court instant, pourrait faire penser à Hulk si on n’y regarde pas de plus près.
Et quand ça sue, c’est vachement bon.
Quand ça se dépense franchement, quand le visage se tord sous l’effort dans la quatrième série d’haltères, celle qui fait vraiment mal, Divinity prend toute son ampleur et offre un Heavy Metal rageur, tranchant et précis, à la production carrée, qui a la très bonne idée de ne pas admirer avec vénération son corps solide et veineux dans les miroirs de la salle après la séance.
Parce qu’il s’en fout qu’on le regarde, lui il veut se dépenser et se dépasser.
Mais il y a un revers à ce mode de vie.
Dans les quelques moments plus lyriques faits de ralentis, d’étirements, d’arpèges ‘feu de camp’, de claviers aux sonorités de mauvais goût FM et d’un dialogue première et deuxième voix lorgnant vers Linkin Park première période, il est difficile de croire à l’émotion de ce grand bonhomme qui serait en fait un grand sensible qui se cache. Sensible, il l’est à coup sûr mais cette sensibilité est tellement plus à fleur de peau, vivante et belle quand elle s’exprime avec furie.
L’album pâtit parfois d’instants de baisse de régime, dans des morceaux comme « PsyWar », « The Dead Speak From Beyond », « Lucid Creator » et « The Reckoning » mais d’autres titres comme « Manhunt », « Distorted Mesh », « All Seeing Eyes » et « Momentum » sont tout simplement excellents et méritent d’être écoutés à pleine puissance au saut du lit, dans la salle de sport, dans la rue ou n’importe où et n’importe quand.
Pays: CA
Autoproduction
Sortie: 2017/05/26