EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND – Spit ‘n’ split
Ce nouvel album de l’Experimental Tropic Blues Band, gloire liégeoise du garage rock barré, est en fait la musique du film « Spit ‘n’ split », faux documentaire sur le groupe en tournée, avec les moments de grandeur et les phases de totale déréliction. Le réalisateur Jérôme Vandewattyne a suivi le trio fou sur la route, s’immisçant dans le van de tournée et partageant les nuits dans des hôtels minables, les concerts dans des caves humides, l’épuisant démontage et remontage du matos, les soirées de biture à la bière tiède, les disputes avec des patrons de clubs refusant de payer les types, les concours de pets dans le bus et autres avanies typiques de la vie d’un groupe de rock.
Car vous qui pensez que la vie d’un groupe de rock est un Eden où pleuvent les billets de banques, les groupies offertes et lascives et les seaux de cocaïne donnée gratuitement, vous avez une conception de la rock star qui remonte à Led Zeppelin. De nos jours, un groupe de rock vit dans la galère, voit ses membres faire des boulots sous-payés pour payer leur matériel et leur loyer, court le cachet de club louche en bar miteux, se fait rincer par des managers peu scrupuleux et se fait mettre dehors par des jeunes filles qui ne sont pas celles que vous croyez.
Et pour illustrer cette vie d’esclave, seul un groupe comme l’Experimental Tropic Blues Band pouvait oser donner le change et illustrer devant la caméra toutes les outrances que l’on attribue volontiers à un groupe qu’il faut considérer après tout comme… punk. Ce documentaire « Spit ‘n’ split » était récemment présenté au fameux BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival), rendez-vous annuel printanier de tous les cinéphiles déviants, zombies danseurs et amateurs de science-fiction de série B. Il est en quelque sorte le pendant belge du rockumentaire « The story of Anvil » qui avait été fait il y a quelques années sur Anvil, le mythique groupe heavy metal canadien, adulé par les fans mais dont les membres doivent bosser comme livreurs de pizzas ou maçons pour pouvoir assurer les fins de mois.
Sauf que la différence est que « Spit ‘n’ plit » bénéficie d’une bande sonore entièrement écrite par l’Experimental Tropic Blues Band, qui signe ici un nouvel album dans la tradition Tropic, c’est-à-dire brut de décoffrage, fougueux, stoogien et électrifié jusqu’aux yeux. Ici, Boogie Snake (guitare), Devil d’Inferno (batterie) et Dirty Coq (chant et guitare) ont mis le paquet avec pas moins de seize morceaux aux ambiances diverses, allant de la litanie pour secte infernale (« Le culte », « Baby bamboo ») ou le punk rock hoquetant ou strident (« Unreachable love », « The divine comedy », « Straight to the top », « Ma vie »), le slow pour bal de pompiers (« Alas alas ») à l’exercice de contemplation rêveuse de type mexicain (« Deliverance », « Spit ‘n’ split », « Theta wave »), en passant par du stoner stroboscopique (« Ultra erectus »), de l’électro façon Kraftwerk (« Anaerobic ») et enfin l’arrivée des petits hommes verts en stéréo (« Fin »).
On goûte de tout dans cet album et surtout, on se fait chahuter de toutes parts, dans la grande tradition Experimental Tropic Blues Band. C’est donc toujours l’estampille Tropic qui s’applique ici, pour le plus grand bien de nos tympans et de notre système nerveux.
Pays: BE
Jaune Orange
Sortie: 2017/04/28