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ED WOOD JR – The home electrical

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Voici venir le moment où Ed Wood Jr va pouvoir compter ses vrais admirateurs et surtout en gagner de nouveaux. Le duo lillois qui était jusque-là passé maître dans un math rock complexe et tourmenté se rapproche désormais de rivages post-rock plus subtils et plus tournés vers l’électronique. Un changement de cap, pour parler plus simplement.

Nous avions pu faire connaissance avec Ed Wood Jr au cours des excellents « Ruban de Möbius«  (2010) et « Silence«  (2012), albums suivis de l’EP « Lost.Drive.Water.Exit » (2015) qui reprenait dans son titre la liste des morceaux qui le composaient. Cette année, le groupe continue son périple musical en abordant de nouveaux virages. Tout d’abord, avec du changement dans le personnel. La pochette de l’album ne cite qu’Olivier Desmulliez et ne fait plus mention de Thibault Doutriaux, son habituel comparse. C’est l’arrivée de Jason Van Gulick à la batterie qui change la donne, avec son CV impressionnant (Carla Bosulich, Wolfennest, Sum Of R…). Au chant, on retrouve de temps à autre Asako Fujimoto, musicienne japonaise qui avait déjà collaboré avec Ed Wood Jr sur un single paru en 2013. Celle-ci vient hanter les morceaux « K.O.W. » et « Temporary moving in ».

S’il est plus raisonnable dans son propos musical, Ed Wood Jr n’en conserve pas moins une énergie certaine comme en témoignent « Medellin » (placé en introduction de l’album), « 9MN : grande plage » ou « Nuits noires » qui conclue le disque. Entre les deux, des compositions plus légères mais habiles (« R/T », « Outer space »), viennent maintenir une certaine tension. Sur les morceaux chantés, on découvre un groupe capable de reformuler son style d’origine et de le diriger vers de nouvelles voies tout en restant cohérent par rapport à sa philosophie de base. Le chant hypnotiseur d’Asako Fujimoto vient ancrer de grands moments oniriques et mélancoliques dans des titres solidement tenus d’un point de vue instrumental (« K.O.W. »). Mais elle n’est pas la seule à développer un pouvoir de captation, Olivier Desmulliez étant capable de créer une puissance évocatrice avec son instrumentation et son chant atmosphérique (l’excellent « Norman Bates », référence au tueur gravement fêlé de « Psychose »).

Au final, on redécouvre Ed Wood Jr., qui démontre ici une capacité très intéressante à faire peau neuve tout en restant lui-même. Son troisième album se révèle incontestablement être celui de la maturité.

Pays: FR
Black Basset Records
Sortie: 2017/04/21

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