DUDA, Mark – Month of Sundays
Dans l’underground new-yorkais, quelques derniers nostalgiques du punk rock des Seventies (Ramones, Dead Boys…) continuent de s’agiter et lancent de temps à autres quelques bravades à l’égard du gentil monde bourgeois qui ne voit plus que dans la Grosse Pomme une destination touristique bien comme il faut, où on peut acheter des bonbons et des casquettes de base-ball comme souvenirs. Mark Duda fait partie de ces derniers résistants qui n’ont pas encore découvert que Johnny Ramone était mort.
Mark Duda est un new-yorkais pur jus, ancré jusqu’à la moelle dans le Lower East Side, les quartiers de Bleecker Street et Bowery où se trouvait le mythique club CBGB (aujourd’hui remplacé par un magasin de fringues bobo), Mercer Street où les New York Dolls firent des débuts explosifs. Aujourd’hui, tout ce quartier est parfaitement fréquentable mais durant les années 70, c’était une jungle livrée aux punks et aux déclassés de tous bords. Alors aujourd’hui, Mark Duda fait du punk plus fréquentable, comme le montre le petit album six titres « Month of Sundays » qu’il vient de commettre.
Ce vieux routier du rock (animateur de The Handle et des Mad City Rockers) a réuni sur cet album une poignée d’estimables représentants de l’intelligentsia rock. La section rythmique est occupée par Thommy Price et Kenny Aaronson (Joan Jett & The Blackhearts, Billy Idol). Kenny Aaronson, en particulier, mérite un mot de plus. Il débute en 1971 dans le cultissime combo hard rock Dust, avec à la batterie un certain Mark Bell, qu’on connaîtra plus tard sous le nom de Marky Ramone. On le verra au cours des années 70 accompagner des artistes tels que Rick Derringer, Edgar Winter ou Leslie West, pour n’en citer que quelques-uns. Autre musicien recruté par Mark Duda, le guitariste Jimi K. Bones est passé par chez Blondie ou Skin ‘n’ Bones. Duda a aussi invité quelques autres légendes à lui donner un coup de main sur son album. Sur « Murders on Delancey », Cheetah Chrome (ex-Dead Boys, un des parrains du punk new-yorkais) et Bobby Rondinelli (ex- Rainbow ou Blue Öyster Cult) participent respectivement à la guitare et à la batterie). On trouve aussi Arno Hecht (passé chez les Rolling Stones) qui vient faire fuser le saxophone sur « Standoff love ».
Ce que l’on peut dire, c’est que ce « Month of Sundays » est plutôt court puisqu’il n’affiche que 19 minutes pour six titres. L’ensemble propose un rock ‘n’ roll classique, avec une petite touche punk mélodique (« Month of Sundays »). Certaines intonations rappellent les New York Dolls ou les Ramones (« Murder on Delancey », référence à une autre rue du quartier du Lower East Side de Manhattan) et le saxophone de « Standoff love » rappelle que les sonorités doo-wop et rock ‘n’ roll Fifties ont influencé le côté le plus romantique des Ramones. Du romantisme, il en est aussi question avec la ballade « Worse for wear », slow écolier débordant de chagrins d’amour adolescents. « Connection » doit sans doute être le titre le plus carré et le plus intransigeant de tout l’ensemble, avec son approche plus hard rock. Et logiquement, après cette visite des vestiges du New York punk, on repart par le métro avec « Subway song » et ses atmosphères punk mélodiques, voire bubble punk.
Ce petit disque est une agréable piqûre de rappel de ce que fut le punk dans ses aspects les plus sucrés et crémeux. Mark Duda ne révolutionne pas le genre mais signe ici un gentil coup d’œil à un âge d’or révolu.
Pays: US
True Rock
Sortie: 2017/04/14