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COLOUR HAZE – In her garden

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Avec désormais 22 ans de carrière ininterrompue, il est manifeste que Colour Haze est là pour durer. Un des premiers groupes stoner à émerger de la scène européenne au milieu des années 1990, les Allemands de Colour Haze sont maintenant assis sur un solide piédestal constitué par douze albums studio et deux albums live. Et leur rythme de production ne faiblit pas, avec en moyenne un album tous les deux ans. Avec Colour Haze, on n’a jamais vraiment le temps d’oublier le groupe, il est toujours là pour se rappeler à notre bon souvenir. Si on remonte seulement à dix ans, le groupe de Stefan Koglek a occupé le terrain avec « Tempel«  (2006), « All«  (2008), « Burg Herzberg Festival 18.07.2008 live » (2009), « She said«  (2012), « To the highest gods we know«  (2014), « Live vol. 1 – Europa tournée 2015«  (2016) et ce nouveau « In her garden ».

A ceux qui s’inquiètent d’un rythme stakhanoviste des sorties d’albums de Colour Haze, susceptible d’entraîner une certaine monotonie et une prévisibilité des compositions, nous les rassurerons en annonçant que ce nouvel album parvient aisément à captiver l’auditeur. Stefan Koglek (guitare et chant), Philipp Rasthofer (basse) et Manfred Merwald (batterie) reviennent avec un concept ambitieux basé sur la botanique. « In her garden » parle en effet de fleurs et de jardinage, ou plutôt évoque car il est essentiellement basé sur des instrumentaux. C’est peut-être là le secret de la rapidité de conception des albums de Colour Haze. Stefan Koglek ne s’embête pas trop à écrire des textes, d’où un certain gain de temps. Et quand il faut parler de lilas, de magnolia ou de lavande, le silence des mots aide à éviter de se perdre dans des textes qui pourraient rapidement devenir ennuyeux ou niais.

Ici, nous sommes donc dans la botanique suggérée par la seule musique (sauf quelques passages chantés de temps en temps), le concept s’étendant jusque dans les illustrations de la pochette, qui montre des croquis de plantes et même le plan d’un labyrinthe végétal. Le professeur Koglek et ses assistants nous inculquent donc la bonne santé musicale par les plantes et il faut admettre qu’ils ont été inspirés sur ce coup. Le disque est divisé en quatre chapitres dont les morceaux plus ou moins longs sont séparés par de petits intermèdes plus courts de une à deux minutes. Et entre les deux, c’est un festival de rock psychédélique lourd qui fait la part belle à des solos de guitare lumineux. Stefan Koglek tient la grande forme et nous enchante sur de grands moments comme « Black lily », « Magnolia », « Islands », « Labyrinthe », autant de longs morceaux qui permettent des développements finement cisaillés. La rythmique lourde et lente est parfois enjolivée de cuivres ou de violons, ce qui donne encore plus d’ampleur à la complexité des morceaux.

C’est au moment où les cuivres et les violons interviennent que le cours des morceaux prend un nouvel envol, avec le superbe « Lotus ». La dernière partie de l’album va venir ratisser les pelouses du jardin psychédélique soigneusement entretenu par Colour Haze, qui procède à l’arrosage de notes stratosphériques. Nous ne sommes plus dans les titres de fleurs avec « Skydancer » et « Skydance », mais davantage dans l’aérien. De coquelicot ou de tulipe, nous sommes passés à l’état de papillon virevoltant de massifs arborés à parterres de fleurs hallucinogènes. Koglek et ses hommes nous ont gardé le plus long morceau pour la fin, un « Skydance » qui surgit sans transition du morceau précédent et nous fait décoller du jardin vers des constellations psychédéliques parcourues par les improvisations cosmiques de la guitare. On retrouve ici le Colour Haze des grands jours, parti dans l’espace intersidéral et pas sûr de revenir un jour sur Terre.

On termine donc ce vaste périple de 73 minutes et 13 titres aussi frais qu’au départ, sans doute à cause des bienfaits des plantes mais surtout à cause de l’équilibre impeccable instauré dans cet album et la capacité de Colour Haze à avoir construit un univers musical palpitant et subtil.

Pays: DE
Elektrohasch Records
Sortie: 2017/04/14

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