OASIS – Don’t Believe The Truth
Si l’on fait abstraction du cirque médiatique qui entoure les frères Gallagher (dont ils sont largement responsables, il faut le dire), on doit leur reconnaître des qualités indiscutables, l’un comme compositeur, l’autre comme chanteur (mais il a composé quelques titres sur « Don’t Believe The Truth »).
Né en plein milieu des années nonante, leur parcours musical s’inscrit pourtant dans la tradition des Fab Four. Leurs meilleurs albums sont les deux premiers : « Definitely Maybe » (1994) et « (What’s The Story) Morning Glory » (1995). Leurs tentatives de mêler rock et électronique n’ont pas entraîné un enthousiasme délirant, il faut bien le dire. « Be Here Now » (1997) et « Standing On The Shoulder Of Giants » (2000) en sont deux bons exemples. Quant à « Heathen Chemistry » (2002), aussi flou que la photo de couverture du livret, il donne l’impression de ne pas savoir où aller.
Aussi, sur cet album très sixties, ils renouent avec les ingrédients qui ont fait leur succès au cours des années nonante : les mélodies, l’omniprésence de la guitare, une certaine façon cocky et britannique d’appréhender les choses et la qualité des compositions.
Il ont commencé à travailler avec les producteurs Tim Holmes et Richard Fearless, mieux connus sous le nom de Death In Vegas (voir notre chronique : DEATH IN VEGAS – Scorpio Rising sur ce site) avant de constater qu’il n’y avait pas matière à faire un album et avant de faire appel à Dave Sardy pour recommencer à zéro. Ils ont ainsi composé plus de soixante titres mais n’en ont gardé qu’une vingtaine pour enregistrer. Finalement, « le comité de la hache » représenté par Noel Gallagher n’en a gardé que onze pour l’album.
Le line-up actuel, suite au départ du batteur Alan White, est composé de Liam Gallagher, chant, Noel Gallagher, guitare, chant, Gem Archer (Heavy Stereo), guitare, et Andy Bell (Ride), basse. Zak Starkey (Johnny Marr + The Healers, The Who), le fils de Ringo Starr (Beatles), qui les a déjà accompagnés sur scène, joue de la batterie sur tous les titres sauf le deuxième, où il est fait appel à Terry Kirkbride, un musicien de studio influencé par les sixties.
Introduction idéale, « Turn Up The Sun », un titre pop parfait, a été composé par Andy Bell. On doit « Mucky Fingers » à Noel Gallagher. Le son de ce morceau est lourd, la batterie martèle le tempo sur un rythme monotone et l’harmonica souligne le propos comme il peut. Ici, c’est Terry Kirkbride qui martyrise les fûts, au sens littéral du terme.
« Lyla », composé par Noel Gallagher, donne l’impression d’avoir toujours existé. La mélodie résonne comme si le titre avait plusieurs années et fait penser aux Beatles, comme si Oasis avait retrouvé toutes ses sensations. C’est un des meilleurs titres de l’album.
La mélodie de « Love Like A Bomb », composé par Liam Gallagher et Gem, est tout aussi bonne et fait aussi penser, mais dans une moindre mesure, aux Fab Four. Encore un très bon titre. « The Importance Of Being Idle » est également un bon titre. Mais ce sont les guitares et la voix de Noel Gallagher qui jouent les vedettes. Très court, « The Meaning Of Soul » est bourré de punch, comme si toute l’énergie était concentrée en un minimum de temps.
Pop mélancolique, « Guess God Thinks I’m Abel » sonne encore très Beatles, jusque dans les intonations de la voix, plus Lennon que Lennon.
Atypique, « Part Of The Queue » est né dans l’imagination de Noel Gallagher alors qu’il était à la caisse d’un supermarché. Ce fait banal lui a fait prendre conscience du peu d’importance de sa petite personne. Avec les guitares débridées, c’est un titre qui pourrait convenir pour introduire une émission de rock.
On doit « Keep The Dream Alive » à Andy Bell, qui s’essaie à la composition avec un certain succès. Pas mal, différent des quatre garçons dans le vent mais très sixties quand même, avec en prime un défaut : le son augmente brutalement sans crier gare après environ une minute.
C’est à Gem que l’on doit « A Bell Will Ring », un titre très différent malgré la voix de Liam Gallagher. Ce titre évoque clairement « Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band », le chef-d’œuvre de qui vous savez.
Et on termine avec « Let There Be Love », une magnifique composition de Noel Gallagher, très classique, inspirée une fois de plus par ses idoles de Liverpool, pour lesquels il fait preuve d’une véritable dévotion. Paul Stacy joue du piano et du mellotron, un instrument très prisé pendant les sixties.
Ce CD n’est pas un chef-d’oeuvre mais dans la hiérarchie des albums du groupe, il arrive juste derrière « Definitely Maybe » et « (What’s The Story) Morning Glory » : c’est la resurrection d’un groupe majeur, quoi qu’on en dise, si l’on veut bien oublier les frasques des frères ennemis.
Rappel des titres :
- « Turn Up The Sun » (Andy Bell)
- « Mucky Fingers » (Noel Gallagher)
- « Lyla » (Noel Gallagher)
- « Love Like A Bomb » (Liam Gallagher – Gem)
- « The Importance Of Being Idle » (Noel Gallagher)
- « The Meaning Of Soul » (Liam Gallagher)
- « Guess God Thinks I’m Abel » (Liam Gallagher)
- « Part Of The Queue » (Noel Gallagher)
- « Keep The Dream Alive » (Andy Bell)
- « A Bell Will Ring » (Gem)
- « Let There Be Love » (Noel Gallagher)
Pays: GB
Epic / Sine / Sony HES 520149 2
Sortie: 2005/05/30