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NATIONAL (The) – Alligator

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Originaire de l’Ohio mais établi à New York, The National est né à la fin des nineties. Il est composé de Matt Berninger (chant), Aaron Dessner (basse), Bryce Dessner (guitare), Bryan Devendorf (batterie) et Scott Devendorf (guitare). Même si tous les titres sont crédités The National, on peut affirmer sans crainte que Matt Berninger tient le rôle essentiel dans la composition, en tout cas sur le plan des paroles.

Ce qui frappe d’emblée, c’est le climat des chansons insufflé par Matt Berninger. On n’est pas très loin des Leonard Cohen, Joy Division, Echo And The Bunnymen ou Stuart Staples (Tindersticks), tant par les propos ironiques et pleins d’esprit que par leur désenchantement empreint de tristesse.

Il ne s’agit pas ici de comparer le timbre de voix mais de décrire l’atmosphère générale tout imprégnée de mélancolie. De plus, comme Matt Berninger y va par petites touches successives, la musique s’immisce dans le subconscient, un peu plus à chaque écoute.

« Secret Meeting » est un mid tempo étrange, mélange de pop et de country, qui semble tenir ses distances, avec en arrière-plan des harmonies vocales très originales, presque criées et marteleés comme des slogans. Cela n’exclut pas l’ironie ni l’originalité : « I had a secret meeting in the basement of my brain ». J’ai assisté à une réunion secrète au sous-sol de mon cerveau. Pas original, ça ? « Karen » est une très belle ballade triste qui traite de sexe et d’amour. « Attends-moi, je suis perdu et j’ai dépassé le sommet de mes possibilités. Crois-moi, tu n’as pas encore découvert mon beau côté », dit-il. Avez-vous une bonne raison de ne pas le croire ?

Plus énergique, « Lit Up » mélange les genres. Il y a du pop, du rock, un zeste de country dans ce titre. « Je garde le contrôle », nous confie-t-il. « Looking For Astronauts » est très ironique et donne une autre facette du talent du compositeur. Le tempo scandé par la rythmique s’accélère mais en toile de fond, c’est toujours de la tristesse qui perle à travers les notes.

« Daughters Of The Soho Riots » dégage aussi un climat de tendre nostalgie. « Tout ce dont je me souviens, je m’en souviens mal. Tu devais te douter que je te prendrais un jour dans mes bras » est la phrase-clé de ce morceau. « Baby, We’ll Be Fine » est une autre chanson triste qui parle de solitude, d’immersion dans la boisson et de plongeon dans la drogue. Faiblesse de caractère, quand tu nous tiens. « Je regrette tellement tout », dit-il.

« Friend Of Mine » est plus désinvolte de ton et tranche un peu avec le reste mais sur le plan des paroles, on est toujours dans ce qui ne tourne pas rond. Ici, c’est l’amitié qui est visée. « Que fais-tu avec ce mec, c’est un con. Reviens », déclare-t-il. Toute ressemblance avec des personnes vivantes serait purement fortuite, selon l’expression consacrée.

Avec un accompagnement sublime au violon, « Val Jester » est un morceau de toute beauté mais il traite d’un amour qui se termine mal. Nothing’s perfect. C’est cependant une des deux meilleures plages de l’album. « All The Wine » est le type même de country rock alternatif bien rythmé et bien énergique qui entraîne l’adhésion par son caractère tonique. Une récréation. Rock très énergique, « Abel » traite de l’idée que son cerveau ne tourne pas rond. Il y a un peu de Bruce Springsteen dans ce voyage introspectif furibard mené sur un rythme up tempo irrésistible.

Par contraste, « The Geese Of Beverly Road » est beaucoup plus empreint de mélancolie. Les guitares y tiennent une place prépondérante, en dehors de la voix de Berninger, bien sûr, mais les cordes apportent un plus incontestable. L’originalité réside aussi dans l’emploi rare d’un basson et d’une clarinette.

« City Middle » est un magnifique morceau doux amer englobé dans une mélodie irrésistible. « J’ai d’étranges souvenirs de toi, quand tu portais de longs bas et des chaussures rouge », dit-il. Ce n’est pas à cause de cette phrase mais c’est le meilleur morceau de l’album avec « Val Jester ». « Mr. November » est très enlevé au point de vue rythme, avec un crescendo final imparable. Sur le plan des paroles, Matt Berninger y va d’un espoir fou : « Je suis le nouveau sang bleu ». Fanfaronnade ou pas, on tient sans doute là un futur grand du rock.

Cet album nous parle de petites et grandes déceptions, de sexe et d’amour souvent malheureux, un sujet très au goût du jour, et il est excellent. Vous pouvez l’acheter les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes.

Pays: US
Beggars Banquet Records / V2 BBQCD 241
Sortie: 2005/04/11

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