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MISSILES OF OCTOBER – Better days

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En ces temps de tension nucléaire entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, un groupe comme Missiles Of October arrive à point nommé. Il n’est pas ici question de s’angoisser au sujet des affres de la guerre atomique mais de se payer une bonne tranche de punk énervé et grossier, en attendant l’apocalypse thermonucléaire.

Le dernier album de Missiles Of October n’est pas arrivé sur notre bureau à la vitesse d’un missile. La galette date déjà d’octobre 2016 mais son pouvoir décapant justifie qu’on en parle ici afin de lui donner une chance supplémentaire. D’autant que cette œuvrette efficace provient d’une bande de musiciens plutôt rodés.

Il faut en effet remonter au milieu des années 1970 pour trouver les premières traces d’activité de Bob Seytor, batteur qui a en fait croisé la destinée de quelques groupes représentant la fine fleur du punk belge canal historique. Il passe en effet par les rangs de Chainsaw, combo bruxellois auteur d’un EP en 1977, puis chez Streets et X-Pulsion en 1978, encore d’obscures formations punk rock contemporaines des Kids. Après Contingent en 1980, on retrouve Bob Seytor chez Walpurgis Volta à la fin de la décennie 80, et enfin chez Missiles Of October en 2012, année de la formation du groupe. On compte aussi un certain Mathias Salas (chant et guitare), qui dispense également ses talents chez les écuyers fous de Frau Blücher & The Drunken Horses. Enfin, la formation est complétée par Lionel Beyet (basse et chant), que nos services ont repéré comme un des principaux activistes du groupe français [P.U.T.], auteur de nombreux albums dont un « Like animals«  déjà chroniqué dans ces pages.

Autant dire que l’expérience décibélique et rebelle cumulée par ces gaillards aboutit à faire de Missiles Of October un groupe particulièrement abrasif. Le trio démarre ses méfaits en 2012 avec un premier EP « Hangover » enregistré dans des conditions particulièrement rugueuses. La menace continue à se répandre avec l’album « Don’t panic » en 2014, où le punk rock irascible se ralentit au contact d’un hardcore épais (« Music for hangover », « Two feet in sludge »). L’épisode suivant est donc ce « Better days » qui met en lice un dizaine de titres (dont « Two feet in sludge » récupéré de l’album précédent). Bob Seytor et ses sbires maintiennent un niveau maximal de saturation et de colère sur cet album qui ne fait pas de quartiers et pourrait faire penser à un croisement entre René Binamé et La Muerte, pour utiliser des références belges.

Autant dire que ça vient refiler quelques gifles, genre main de fer dans un gant d’acier. « State of crisis » met tout de suite la pression avec un rythme rapide et annonce de beaux moments de délires électrifiés (« No brain no headache », l’entêtant « Satisfaction in nothing », l’épileptique « Better days », le long « Everyday », l’excellent « Loser » et j’en passe). C’est du brut de décoffrage, ça râle, ça vocifère du fiel et ça décharge de l’électricité sombre et gluante. Les amateurs de son bien peaufiné peuvent passer leur chemin, les accros au punk à peine ébarbé peuvent se jeter à pieds joints dans ce petit marécage électrique vivifiant.

Pays: BE
Pogo Records
Sortie: 2016/10/17

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