LE SEUL ELEMENT – Demon
Où l’on reparle de Le Seul Elément, formation énigmatique dirigée en autonomie totale par un seul membre, Français qui cache jalousement son nom. Nous avions pu faire connaissance avec ce personnage lors de la parution de son précédent album « Meradiam« et découvrir son surprenant univers musical, fait de langueur mélodique et de souffrance dodécaphonique.
Aujourd’hui, on ne sait toujours pas qui est Le Seul Elément et on se demande ce qu’il a fait durant ces deux dernières années. Une chose est sûre, il a migré du label Consouling Sound vers Cleopatra Records, qui a quand même une certaine réputation d’éclectisme et qui accueille ici un musicien à l’avant-gardisme bien trempé.
Ce qui est aussi probable, c’est que notre ami de Le Seul Elément a dû rencontrer le bonheur puisque son nouveau disque est incontestablement plus joyeux que le précédent. Quand je dis joyeux, entendons-nous bien, il n’est quand même pas encore question de franche rigolade, de torsion de côtes ou de déboitement de mâchoire. Mais comparé à la sinistrose géniale qui régnait sur « Meradiam », ce « Demon » se veut assez primesautier.
Mais je le répète, vous ne vous esclafferez pas pour autant en cheminant au long de titres lents et rêveurs, où le piano est roi mais où on entend aussi un peu de batterie et un chant féminin. Le Seul Elément nous a habitués à une œuvre entièrement composée par ses soins, de la conception à l’interprétation en passant par la manipulation d’instruments divers. Ici, ce sont encore les ambiances stratosphériques qui prennent le dessus (le premier morceau « C. abyssal ») et qui se décomposent en longues séquences (« Mersey mad beat », « Rien n’est beau comme on l’imagine »). Un thème de piano sert à développer des improvisations environnées de nappes de synthétiseurs et d’appareillages électroniques (« Demone »), quand ce ne sont pas ces dernières qui prennent l’ascendant total (« 24D »).
Le voyage dans une galaxie nimbée de voiles sonores intergalactiques se poursuit jusqu’au final « Soho », un titre de dix minutes qui fait intervenir thisquietarmy, un autre aventurier bien connu des amateurs d’avant-garde drone. Ici, on démarre dans un recueillement quasi-religieux, puis le thème évolue lentement tout en conservant la même structure relativement atonale. Quelques voix angéliques lointaines interviennent pour souligner le caractère saint-sulpicien des atmosphères et les choses se terminent dans une onde à peine perceptible, qui semble vouloir donner une interprétation de ce que pourrait être la vie dans l’au-delà.
Cet album arrive à point pour la période du Carême, après les excès du carnaval. Entrons donc avec lui dans une introspection somnolente et cherchons les voies qui mènent à une dimension cosmique de notre condition. Bref, laissons tomber la gaudriole…
Pays: FR
Cleopatra Records
Sortie: 2017/02/24