VARIOUS ARTISTS – She Rocks Volume 1
Note préliminaire : Pas la peine de crier au scandale, c’est (probablement) du second degré.
En bien voilà ! On a commencé par leur accorder le droit de vote et maintenant, c’est la porte ouverte ! Alors OK. Qu’elles prennent nos places au champs, dans les mines, à l’usine, au front ou, à la rigueur, derrière le micro d’une fanfare de lopettes Metal symphoniques, passe encore, mais qu’on les laisse impunément titiller un manche… Non ! La branlette de guitare, c’est une histoire de mecs, merde !
Ah elles ne manquent pas d’air, les suffragettes de chez Favored Nations Entertainement ! Nous balancer à la face un CD de guitare virtuose ‘garanti sans testostérone’, ça tient de la provocation pure et simple ! Imaginez que pour hérisser les poils qui nous ornent élégamment les narines et l’intérieur des oreilles, le label californien (appartenant à Steve Vai) n’a pas hésité à réunir onze surdouées de la six-cordes sur une compilation intitulée « She Rocks Volume 1 » (NDR : un titre qui, en plus, sent déjà l’envie de récidive). Onze bombasses aux doigts agiles qui renvoient à leur box tous les étalons de l’écurie Varney (Yngwie Malmsteen, Marty Friedman, Jason Becker, Paul Gilbert, Tony MacAlpine, Vinnie Moore, Greg Howe, Richie Kotzen, et les autres).
Le pire dans l’histoire, c’est qu’elles ont du talent les bougresses. À commencer par cette Orianthi ; blonde créature australienne à la beauté sculpturale qui ouvre la plaque avec un « Transmogrify » pétri de sensualité et effrayant de dextérité. Une composition personnelle qui devrait, en principe, rester en travers de la pomme d’Adam de tout guitar-hero qui se respecte. Il faut dire que la demoiselle à fait ses classes chez Michael Jackson (NDR : qu’elle aurait accompagné sur la tournée « This Is It », si celle si n’avait pas été annulée suite au décès du Roi de la Pop) et qu’elle a tourné pendant trois ans en compagnie d’Alice Cooper. Pas moins impressionnante, Yasi Hofer et son « Cosmic Stars » proposant huit minutes de descente de manche hallucinées sur un fond de groove métallique. Ex-étudiante du fameux Berklee College Of Music, la belle a été découverte par Steve Vai, ce qui en dit probablement long sur l’étendue de son talent. Dans un style entièrement différent, Kat Dyson (la guitariste actuelle du live band de Zucchero) propose un envoutant titre soul teinté d’effluves blues trahissant ses origines sudistes. Sarah Longfield explore quant à elle les territoires de la guitare Jazz, dans un style fluide et débridé qui ne déplairait probablement pas aux fans de Pat Metheny ou d’Allan Holdsworth. Dans un style un peu plus ‘terre à terre’ mais hautement jouissif, la grande Lita Ford accompagne le tribute band féminin Lez Zepplin dans une reprise endiablée du classique « The Lemon Song » (extrait de l’album « Led Zeppelin II »). Autre ex-guitariste live de Michael Jackson (NDR : sur les tournées ‘Bad’, ‘Dangerous’ et ‘History’, Jennifer Batten propose un voyage lancinant, tout en guitare instrumentales et en percussions exotiques, avec « In The Aftermath » qu’elle avait, à l’origine, composé pour Jeff Beck. Toujours instrumental, mais bien plus métallique, vient ensuite le shredding supersonique de « Pandémonium », composé et interprété par Nita Strauss, la guitariste actuelle d’Alice Cooper. Steph Paynes, quant à elle, est la six-cordiste officielle des Lez Zeppelin dont nous avons parlé plus haut. L’instrumental « The Sun At Her Eastern Gates », qui est pourtant l’une de ses compositions personnelles, sonne étrangement comme un (très bon) titre de Led Zeppelin. Originaire de Tel Aviv, mais expatriée à Los Angeles, Nili Brosh a, elle aussi, étudié la guitare au Berklee Collège Of Music. Sa composition intitulée « A Matter Of Perfection » n’aurait aucune difficulté à s’insérer dans le tracklisting de l’un des premiers albums de Dream Theater. Dans un style beaucoup plus groovy, mais tout aussi impressionnant de technique, Gretchen Menn (qui, en plus d’être guitariste est aussi pilote de jet) envoie le surpuissant « Scrap Metal » avant de laisser le soin à la frêle (en apparence, en tout cas) Yvette Young (NDR : la guitariste du groupe Math Rock Covet) de clore la plaque, en douceur avec un « Hydra » envoutant teinté de sonorités jazzy.
En 55 minutes médusantes, Favored Nations Entertainment réduit à néant l’une dernières choses qui restait à la gent masculine pour impressionner le sexe opposé. Les plus machos d’entre nous se consoleront en se rappelant que malgré tout leur talent, les guitar-héroïnes ne toucheront probablement que 70% des royalties qu’elles auraient obtenues s’ils elles avaient possédé un pénis. Il faut bien que la bête serve encore à quelque chose !
L’album (55’04) :
- Orianthi : Transmogrify (3’38)
- Yasi Hofer : Cosmic Stars (8’00)
- Kat Dyson : U Know What I Like (4’16)
- Sarah Longfield : The Taxi Time Travel Task Force (3’08)
- Lita Ford & Lez Zeppelin : The Lemon Song (4’45)
- Jennifer Batten : In The Aftermath (5’56)
- Nita Strauss : Pandemonium (3’21)
- Steph Paynes : The Sun At Her Eastern Gate (5’23)
- Nili Brosh : A Matter Of Perception (5’31)
- Gretchen Menn : Scrap Metal (4’22)
- Yvette Young : Hydra (4’39)
Pays: US
Favored Nations Entertainment FN2910
Sortie: 2017/01/20