ARKAN – Kelem
Partagé entre enthousiasme et désenchantement ! Voilà, puisqu’on nous le demande, l’état d’esprit dans lequel nous laisse l’écoute de « Kelem », le quatrième album de la formation multiculturelle parisienne Arkan. Enthousiasme, premièrement, parce que l’album, dans son genre, est franchement réussi. Désenchantement, ensuite, parce que le ‘genre’ en question, n’est pas tout à fait celui vers lequel nous nous attendions à voir évoluer le groupe.
Arkan (si vous avez raté le début) est né en 2005 sous l’impulsion le batteur Foued Moukid (ex-The Old Dead Tree). Constitué de musiciens d’origine marocaine, française et algérienne, le groupe a publié un EP (« Burning Flesh ») en 2006 et trois albums (« Hilal » en 2008, « Salam » en 2011 et « Sofia » en 2014) dont la particularité était de combiner des sonorités typiques de la musique folklorique orientale à un Death Metal Mélodique proche de celui qui a fait le succès des Israéliens d’Orphaned Land au début du millénaire. Depuis 2008, le chant était partagé entre les growls de Florent Jannier et les vocaux féminins de Sarah Layssac. Sur l’album « Sofia » de 2014, Sarah assurait presque à elle seule toutes les lignes de chant et, si l’esprit du groupe était toujours bien présent, il était devenu difficile de parler encore de Death Metal pour qualifier sa musique. Nous sommes fin 2016, les temps ont changé et, avec eux, la musique d’Arkan. Sarah Layssac à quitté le groupe pour se consacrer, semble t’il à une carrière d’actrice. Pour la remplacer, Foued Moudi a fait appel à Manuel Munoz, son ancien acolyte des The Old Dead Tree, ce qui, en principe, est plutôt une bonne nouvelle. Le côté Death Metal Mélodique fait (presque) un retour en force. Pour l’esprit, par contre, ce n’est plus tout à fait cela. Enfin, c’est ce que l’on pense lors de la première écoute.
Cette première écoute est déroutante, voir même, carrément décevante. Pour ses nouvelles compositions, Arkan semble avoir arrondi ses angles et poli toutes les aspérités exotiques qui faisaient son charme. La plupart des influences orientales ont disparu. Le groupe semble avoir voulu proposer un album plus standard, une plaque relativement passe-partout, destinée à plaire à l’amateur de Metal Moderne lambda, qu’il soit fan de Death Metal Mélodique, de Metalcore, de Progressif ou de Gothique.
La sauce prend dès la seconde écoute. Passée la déception générée par la parcimonie de sonorités orientales, on se prend à chercher ailleurs un quelconque point d’accroche ; une raison de ne pas appuyer sur la touche ‘eject’ du lecteur CD afin de pouvoir passer à autre chose. Et puis, on s’attarde sur les vocaux de Manuel Munoz. Mais bon sang, que ce mec chante bien ! Puissantes et mélancoliques, ses interventions semblent porter la plaque de bout en bout. Ayant trouvé une raison de prolonger l’écoute, on se met à découvrir de nombreux aspects captivants à « Kelem ». De subtils arrangements, des montées en puissances, des passages épiques et, comme par magie, les influences orientales que l’ont croyait perdues réapparaissent de manière subtile, dans une mélodie, un solo, ou une ligne de chant.
« Kelem » se révèle, au final, bien plus enthousiasmant que désenchanteur. Un disque qu’il faut écouter au moins deux fois, avant d’oser émettre un avis négatif ! Vous êtes prévenus.
L’album (50’01) :
- Kafir (5’05)
- Nour (5’34)
- The Call (5’23)
- Cub Of The Caliphate (4’17)
- Erhal (4’14)
- Eib (1’23)
- Just A Lie (5’49)
- Beyond The Wall (6’01)
- Kelem (2’04)
- Capital City Burns (2’04)
- As A Slave (1’30)
- Jasmine Harvest (6’37)
- Ray Of Hope II
Le groupe :
- Manuel Munoz : Chant clair et growls
- Samir Remila : Basse
- Foued Moukid : Batterie
- Florent Jannier : Growls et guitares
- Mus El Kamal : Guitares
Pays: FR
Overpowered Records
Sortie: 2016/11/10