EYE – Vision and Ageless Light
Groupe américain en service depuis 2011, Eye a déjà derrière lui plusieurs sorties discographiques au compteur. Un 4 titres en 2011, un 5 titres en 2013 et deux titres sortis en 2014, avant l’arrivée du petit dernier qui compte six compositions dont un long épique de plus de 27 minutes. Formé au départ de Matt Bailey, Matt Auxier, Adam Smith et Brandon Smith, il ne reste aujourd’hui que le dernier comme membre fondateur. Sont venus se greffer sur l’ancien, Michael Siliclen (basse, percussions et chœurs), Jon Finley (guitares) et Lisa Bella Donna (Moog, Méllotron, synthétiseurs, Rhodes, guitares et chœurs). Pour le dernier membre fondateur, sa tache est de maitriser la batterie, les cloches, les gongs et les percussions.
Vous l’aurez compris au vu des nombreux instruments utilisés, que l’on a ici affaire à un groupe qui développe un rock-progressif en fait coloré de psychédélisme et surtout de krautrock (mouvement apparu fin des années 60, précurseur de l’ambient ou du post-rock). On est donc bien dans l’univers de l’expérimentation sonore avec un départ sur des sonorités bizarres de claviers accompagnés par des cloches. Puis les synthés et orgues ouvrent pour quelque chose de plus atmosphérique sans pour autant oublier le côté expérimental.
Parfois proches des tous premiers Genesis, la batterie et les percussions donnent alors du corps à un rock-progressif vintage qui se modernise via les synthés. Oscillant entre le passé et un futur proche, les sonorités étranges font ensuite place à un rock-progressif typé seventies. On reste bien sûr au sein d’une musique technique et quelque peu avant-gardiste, avec même un chant vintage qui suit les orgues. Rappelant le travail de groupes comme Soft Machine et consorts, on perçoit aussi un côté psychédélique et un côté soul qui font corps avec les musiques des années 70. D’ailleurs les passages aux guitares et surtout aux orgues, sont vraiment bons et bourrés de nostalgie.
Des moments acoustiques font même une apparition, accompagnant un chant toujours teinté seventies, permettant encore aux orgues de partir vers les hauteurs. Quant aux synthétiseurs, ils enveloppent l’ensemble d’une couche futuriste qui permet un voyage à travers le temps. Vient alors le moment du grand épique qui débute par de l’acoustique et des chœurs d’une autre époque, puis revient encore les orgues qui rappellent le beau travail historique construit par les Italiens de The Watch. La partie centrale plus psychédélique et toujours proche des seventies permet encore à la guitare de s’exprimer à travers un travail rythmique (batterie et percussions) efficace, puis les chœurs et les orgues reviennent sur le devant pour rendre une dernière fois la face progressive de cette musique à la fois complexe et étrange.
Même s’il est expérimental, le résultat obtenu fait la part belle aux démonstrations techniques des orgues, des synthétiseurs, de la guitare et des percussions. Tous les instruments sont mis en valeur à travers un exercice pointu qui balaye des décennies de musique. Entre post-rock, rock-psychédélique et rock-progressif vintage, Eye nous fait voyager à travers le grand voyage des instruments. Les puristes et les connaisseurs apprécieront.
– Eye Le Bandcamp
Pays: US
Laser’s Edge/Bertus LE1077
Sortie: 2016/11/18