FATSO JETSON – Idle hands
Fatso Jetson tire son nom d’un personnage d’un film d’Ingmar Bergman et est surtout une figure tutélaire de la scène stoner de Desert Palm, le berceau des emblématiques Kyuss, Queens Of The Stone Age, Fu Manchu et d’une multitude de combos plus obscurs mais tout aussi cruciaux (Orquesta Del Desierto, earthlings?, Goatsnake, Yawning Man, Brant Bjork, Unida, Slo-Burn, Mondo Generator, Karma To Burn, Masters Of Reality, Nebula). Mais dans cet ensemble, le Fatso Jetson de Mario Lalli (guitare et chant), Larry Lalli (basse) et Tony Tornay (batterie) est un des plus anciens et des plus intelligents.
Le groupe se forme en 1994 et sort son premier album « Stinky little gods » en 1995. Il se pose déjà en champion du stoner rock mâtiné d’un très intéressant côté expérimental, vaguement jazzy et rappelant parfois les Pixies. Les frères Lalli sont des piliers de la communauté stoner qui anime la vie culturelle de Desert Palm, en participant notamment aux fameuses Desert Sessions organisées par Josh Homme, maître à penser de Kyuss puis des Queens Of The Stone Age. La carrière de Fatso Jetson va se poursuivre sur un mode plus discret que celle des Queens Of The Stone Age mais elle n’en est pas moins intéressante, avec les albums « Power of three » (1997), « Toasted » (1998), l’important « Flames for all » (1999), « Cruel and delicious » (2003) et « Archaic volumes » (2010). Depuis cette date, Fatso Jetson n’a plus sorti d’albums mais a commis quelques split EPs avec Yawning Man, Early Shapes et Farflung.
Mais aujourd’hui, alléluia, voici revenir les frères Lalli et un nouvel album qui va grandement aider à restaurer l’aura mythique de Fatso Jetson. Car il faut effectivement reconnaître que cet « Idle hands » sonne comme si la bande de Mario Lalli avait encore tout à défendre et montrait encore les dents comme un jeune groupe plein d’ambition et de colère. Des lignes hachées d’une guitare menaçante donnent le ton dès le premier morceau « Wire wheels and robots ». Cette déconstruction des riffs travaillée comme un croisement entre rock progressif et psychédélisme lourd se poursuit sur « Portuguese dream black and red » sur lequel le chant de Mario Lalli vient geindre et hurler des paroles quasiment parlées. Les grosses guitares et les rythmes épais mais souples ne vont pour ainsi dire plus quitter le cours de l’album, avec des déclinaisons tantôt aériennes (« Royal family »), tantôt puissantes (« Nervous eater »).
On retrouve l’esprit classique du stoner de Desert Palm avec des morceaux rappelant Queens Of The Stone Age par le biais des harmonies vocales, ainsi que Brant Bjork par les intonations rugueuses du chant. Le milieu d’album se complexifie davantage après un morceau plus romantique (« Seroquel ») et les propos prennent des allures quasi king crimsoniennes sur des titres comme « Idle hands » et « Last of the good times ». On en redemande et ça tombe bien, parce qu’il y en a encore avec le gaillardement rythmé « Then and now » et le sénatorial « The Vincent letter », qui monte peu à peu en puissance jusqu’à l’apothéose finale.
Et en guise de dessert, les gens de Fatson Jetson nous servent un petit blues aride qui aurait pu convenir aux Eagles Of Death Metal (« 48 hours ») ainsi qu’un dernier morceau qui termine l’album comme il avait commencé, c’est-à-dire sous d’épaisses nappes de guitares menaçantes et imprévisibles (« Dream homes »).
Toujours aussi fringant et imaginatif, Fatso Jetson signe ici un album qui sent la cure de jouvence et l’énergie mise au service d’idées musicales audacieuses. Un excellent retour en force et une occasion de découvrir ce groupe important de la scène stoner historique pour ceux qui ne le connaissent pas encore.
Pays: US
Heavy Psych Sounds
Sortie: 2016/10/07