WITCHERY – In his infernal majesty’s service
Witchery! Les tueurs! Les écrabouilleurs! Les ravageurs sonores! Ils reviennent! Six ans qu’on attendait ce retour, après le gigantesque « Witchkrieg« qui avait réduit en copeaux bon nombre de foyers d’honnêtes amateurs de thrash metal ayant eu la bonne idée de suivre ce formidable groupe suédois depuis 1996, date de sa création dans les brumes inquiétantes de la riante citée de Linköping.
Eh oui, cela fait vingt ans que Witchery met nos tympans en coupe réglée avec son thrash old school suffisamment malin pour rester moderne et sa science pointue de l’invité de marque. On avait ainsi eu droit sur le dernier album à rien moins que Kerry King (Slayeeeeeeerrrrrr!!!!), le légendaire Hank Sherman de Mercyful Fate ou le non moins légendaire Legion qui fait fondre les micros chez les enfants de chœur de Marduk.
Après les albums « Restless and dead » (1998, hommage à peine dissimulé à Accept), « Dead, hot and ready » (1999, encore un hommage à peine caché aux Danois surchauffés de Pretty Maids), « Symphony for the devil » (2001, allez, je vous le donne en mille : hommage crypté aux Rolling Stones), « Don’t fear the reaper » (2006, hommage à Blue Öyster Cult, il faut vous faire un dessin?), « Witchkrieg » (2010 : ceux qui ont répondu hommage à Blitzkrieg ont gagné un lot de grenades antichar), voici enfin « In his infernal majesty’s service », hommage à… James Bond, voyons! Mais il va aussi être question d’un certain étalage d’une culture horrifique glanée dans les livres ou dans les films, avec des références lovecraftiennes comme « The burning of Salem », « Escape from Dunwich valley » ou des clins d’œil vampiriques, comme « Nosferatu ».
Le patron de l’affaire, le guitariste Jensen, a déclaré au sujet de cet album qu’il voulait faire quelque chose de plus rugueux et de plus brutal que sur les précédents albums. Je peux vous dire tout de suite que ses vœux ont été exaucés parce que, point de vue boucan thermonucléaire, ça déplace de l’air un tantinet. Le big bang démarre d’office sur le premier titre « Lavey-athan », et puis après, c’est parti pour le grand cirque qui déchire tout sur son passage. On continue d’être écrasé au sol par le monumental « Zoroast », sans aucune perspective d’accalmie. « Burning of Salem » est totalement monstrueux (on se croirait revenu au temps de « Haunting the chapel » de Slayer). Un carnaval infernal vous traverse les tympans sur « Empty tombs ». « In warm blood » jette à toutes vitesses un tapis de bombes qui aplatit tout en moins de quatre minutes. Seule la rupture du front de Normandie par l’opération Cobra le 25 juillet 1944 avait été plus efficace. « Escape from Dunwich valley » nous ballade dans un labyrinthe redoutablement efficace de riffs ultra-puissants et de changements de rythmes qui pilonnent toujours plus au fur et à mesure de leur progression. Quant à « Feed the gun », c’est simple : c’est un hachoir à guitares acérées d’où vous ressortez à l’état de rondelles fumantes.
Un conseil : préférez le lecteur de votre chaîne hi-fi plutôt que le petit crincrin de votre ordinateur pour écouter ce disque. Ensuite, optez pour le casque lourd en cas d’effondrement du plafond. Enfin, pensez à appeler les secours pour dégager les voisins de palier des ruines fumantes de leur appartement après l’écoute du disque.
Après une telle expérience sonore, on n’aura qu’un seul mot à la bouche : Wouaaarrrggh!, éventuellement accompagné des termes « Où est le bouton replay, qu’on recommence! ». Le groupe n’ayant pas tourné depuis 2012, il est bien évident qu’il va falloir scruter sur le Net la moindre annonce de concert de la part de Witchery. Tous les espoirs se tournent a minima vers le prochain Graspop. Pour ce faire, sacrifiez quelques poulets dans l’espoir d’hypothétiques faveurs de la part de Witchery, on ne sait jamais.
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2016/11/25