MEIER, Nicolas – Infinity
Nicolas Meier est un guitariste suisse de jazz fusion dont nous avons déjà vanté les qualités, notamment à l’occasion de sa collaboration avec Pete Oxley sur l’album « Chasing tales« , paru en 2015. Ce garçon dans la force de l’âge (43 ans) fait preuve d’une activité débordante et est en ce moment à peu près sur tous les fronts. Il faut dire que ses talents phénoménaux à la six-cordes en font un musicien recherché. Diplômé du prestigieux collège de musique de Berklee, il a été remarqué par Jeff Beck et a depuis joué avec des sommités du jazz rock (Asaf Sirkis, Gilad Atzmon, Bill Bruford, Mark Wingfield, Dwiki Dharmawan…).
Installé à Londres, Nicolas Meier a un pied sur le continent européen et un autre sur l’Amérique, où il travaille régulièrement. C’est d’ailleurs avec deux musiciens américains qu’il commet son tout nouvel album « Infinity ». Et je vous prie de croire que ces musiciens ne sont pas de la petite bière puisqu’il s’agit tout simplement du batteur Vinnie Colaiuta et du bassiste Jimmy Haslip. Ces deux-là sont parmi les piliers les plus solides de l’institution jazz-rock mondiale. Vinnie Colaiuta a joué avec Frank Zappa et a fait partie du fameux line-up du début des années 80 qui comprenait aussi le tout jeune Steve Vai. On le retrouve aussi chez Joni Mitchell dans les années 80 et 90, ainsi que chez l’ex-policeman Sting. Curieusement, il fait un passage chez les sidérurgistes de Megadeth pour battre la mesure infernale sur l’album « The system has failed » en 2010, preuve de son éclectisme à toute épreuve. Jimmy Haslip, quant à lui, a opéré tant dans le domaine du rock (Tommy Bolin, Kiss, Blackjack, Donald Fagen) que du jazz (Jeff Lorber, Eric Marienthal, Rita Coolidge, Allan Holdsworth, Al Jarreau).
Inutile de dire que cette confrontation de talents va donner d’excellents résultats sur cet album instrumental « Infinity ». Nicolas Meier a tout composé, étendant sa palette du jazz-fusion traditionnel (« The eye of Horus », « Still beautiful ») à des choses plus orientalisantes (« Yemin », « Legend », un morceau dédié à Jeff Beck, « Flying spirits ») et même ce bon vieux rock lourd en fin d’album (« JB top », dédié à Billy Gibbons de ZZ Top). Les passages plus calmes (« Riversides », « Tales », « Serene ») sont un vrai ravissement pour l’oreille et pour le cœur. Des violons se font régulièrement entendre (« Rose on water ») et sont le fait de musiciens invités (Richard Jones, Sally Jo, Lizzie Ball). On reste pendu aux performances guitaristiques de Nicolas Meier mais le travail rythmique de Vinnie Colaiuta et Jimmy Haslip est également phénoménal de subtilité et de rigueur.
Voici encore un album qui garnira avantageusement les discothèques des amateurs de jazz fusion. On est ici dans les aspects bien classiques du genre mais quand les choses sont bien faites (et ici, elles le sont excellemment), il n’y a aucune raison de bouder son plaisir.
Pays: GB
Favored Nations
Sortie: 2016/10/14