CORBETT, Marcus – Every little spirit
Il aura fallu 38 ans à Marcus Corbett pour sortir son premier album entre le moment où il a décidé de devenir musicien et le moment où il a effectivement mis « Strung deep » sur le marché. Mais maintenant le bonhomme semble être bien parti sur sa lancée pour monter une discographie conséquente. Ceux qui ont pu lire notre chronique sur « Strung deep« savent que Marcus Corbett est un Anglais pur sucre qui a trouvé sa vocation dans la musique traditionnelle indienne, qu’il associe avec le folk de sa terre d’origine.
Parti à nouveau en exploration entre le Gange et le Brahmapoutre, Marcus Corbett a retrouvé ses amis musiciens Nitin Gaikwad (tabla), Sharanappa Guttaragi (shenhai), Milind Date (bansuri) et Sanjay Upadhye (violon) qui l’ont accompagné sur son nouvel album « Every little spirit ».
Cet album, comme son nom l’indique, est une invitation à un voyage spirituel, où le son des instruments traditionnels indiens va nous élever dans les sphères supérieures tenues par Vishnou et ses petits potes Brahma et Shiva. Avec ses compagnons, Marcus Corbett va nous dérouler tout le Rig-Véda au petit trot et nous faire gravir le mont Govardhana sur les mains.
Parce qu’ici, on va en croquer, du tabla, on va en manger, de la flûte indienne. Avec une huitaine de morceaux aux durées diverses (comprenant les épiques « Loving kind (extended) part 1 », « Loving kind (extended) part 2 » et « Sitting on a cloud », de respectivement 13, 7 et 17 minutes), Marcus Corbett et ses acolytes vont déployer des raffinements inégalés en matière de folk ethnico-indou. Le tandem « Loving kind (extended) » offre l’occasion de longues digressions à la guitare, serrée de près par la rythmique tendue des tablas et laissant partir un chant quasi tantrique. L’autre grand moment de cet album, « Sitting on a cloud », fait intervenir davantage de violon et un chant presque récité qui fait penser à celui de Jack Bruce sur « Pressed rat and warthog » de Cream.
On est décidément dans un autre monde avec Marcus Corbett. Cet homme semble ne pas s’être rendu compte de l’existence du 21e siècle et il explore sans vergogne des sphères psychédéliques et folk qui firent la fascination des hippies dans les années 60. Quand on se souvient que le mot hippie vient originalement du mot hipster et qu’aujourd’hui, ce mot hipster désigne de sinistres bobos hypnotisés au téléphone portable, on se dit que ces gens devraient se souvenir de l’origine véritable de leur nom en allant faire le pèlerinage de Katmandu pieds nus et écouter ce barde brahmane qu’est Marcus Corbett.
Pays: GB
Autoproduction
Sortie: 2016/10/15