CD/DVDChroniques

ORTEGA – Sacred states

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Après « 1634«  en 2010, les Néerlandais d’Ortega commettent leur deuxième album long format, « Sacred states ». Entre les deux, le combo batave a eu l’occasion de compléter son œuvre avec quelques EPs toujours consacrés à ce genre torturé, poisseux et lourd qu’est le sludge metal. Avec « A flame never rises on its own » (2012), « The serpent stirs » (2012) et « Crows » (2014), Ortega s’est en quelque sorte spécialisé dans le morceau long, atteignant jusqu’à dix-huit minutes sur les chansons uniques occupant « The serpent stirs » et « Crows ».

Dans ces morceaux, le groupe de Groningue poursuivait l’exploration d’ambiances épaisses et malheureuses, suintant un désespoir apte à faire passer les poèmes de Baudelaire pour des chansons de corps de garde. Le nouvel album « Sacred states » ne déroge pas à la tradition avec cinq morceaux pesants et morbides, dont « Crows », qui faisait l’objet de l’EP de 2014.

Avec le temps, Ortega a imperceptiblement évolué d’un métal encore un peu teinté de psychédélisme – si on peut employer le terme tout en étant conscient que celui-ci ne colle pas totalement à la réalité sonore du groupe – vers un sludge metal beaucoup plus classique, englué dans des hurlements de colosse blessé et des rythmiques de forgeron frappé de trypanosomiase africaine. Le nouvel opus réunit donc de longs morceaux caverneux et menaçants, survolés par un chant ursidé et irrité. Que ce soit sur des rythmiques martiales environnées de coulées bouillantes de guitare en fusion (« Strong eye ») ou dans des enlisements dans un terreau sonore angoissant (« Maelstrom »), Ortega est toujours parfaitement maître de son sujet et sait y faire pour refiler le bourdon à ses auditeurs. L’anormalement court « Descending ladders » (qui ne fait « que » cinq minutes et vingt-quatre secondes) est l’occasion de disséminer des ondes instrumentales enfouies au plus profond de la terre, d’où semble sourdre le grondement lointain des rouages de l’enfer. Et pour ceux qui auraient raté l’EP « Crows », le groupe replace ce morceau épique de dix-huit minutes sur son nouveau disque, une occasion de suivre l’évolution lente et massive de ce morceau typiquement sludge.

S’il était sorti il y a quinze ans, cet album aurait été révolutionnaire et aurait frappé l’imaginaire collectif comme le faisaient les disques de Neurosis et d’Isis à l’époque. Aujourd’hui que le genre sludge a été méticuleusement cartographié, « Sacred states » se pose comme une brique solide de l’édifice, sans en être la pierre d’achoppement mais en contribuant à la grandeur du monument sludge.

Pays: NL
Consouling Sounds
Sortie: 2016/10/05

Laisser un commentaire

Music In Belgium