ADORATION DESTROYED – Ritual damage
Adoration Destroyed est un groupe américain basé à Austin au Texas qui fait ses débuts avec son premier album « Ritual damage ». Mais derrière ce noviciat apparent se cache un musicien issu d’un groupe indus déjà assez ancien, 16volt. Ce groupe originaire de l’Oregon affiche déjà un bon quart de siècle d’existence et est un petit maître du métal industriel, avec une dizaine d’albums au compteur.
Ici, c’est un des employés de 16volt, Erik Gustafson, qui met en lice ce premier opus qui, en termes de métal industriel, est lourdement influencé par l’œuvre de Marilyn Manson. Outre Erik Gustafson qui officie au chant et aux claviers, Adoration Destroyed se compose aussi de Jon Gilyeat (basse et chœurs) et d’Eirik Ashe (batterie). Il est important de remarquer ici que c’est un monsieur en chair et en os qui tape sur les fûts, et non une boîte à rythmes.
Nous parlions de Marilyn Manson et, pour preuve de la prégnance qu’exerce ce musicien sur Adoration Destroyed, on trouve bien évidemment une reprise de celui qui est connu de l’état-civil officiel sous le nom de Brian Warner. Ici, c’est « Coma White », issu du fameux album « Mechanical animals » de 1998 qui vient apporter un peu de couleur et de relief à un album dont le chant est en général assez monolithique. Sur « Coma white », Erik Gustafson fait un effort dans les variations vocales, ce qui manque parfois sur le reste du disque. Certes, vous allez me dire que sur « Nothing left », il y du chant qui déchire et qui se distingue, mais c’est celui de Fredrik Croona, du groupe Cynical Existence, qui vient en ajout du chant de Gustafson.
Ce qui impressionne davantage sur cet album, ce sont les parties de batterie et de basse, qui tissent un monumental mur de son. Les amateurs de rock industriel, d’EBM (electronic body music), de new wave sombre et d’electro-indus trouveront ici de quoi satisfaire leurs instincts mais il est certain qu’ils ont déjà entendu de nombreuses choses similaires à ce que fait Adoration Destroyed sur « Ritual damage ». Signalons une autre reprise, avec le « Voices carry » de ‘Til Tuesday, un groupe new wave bostonien des années 80 qui a notamment abrité la chanteuse Aimee Mann.
Pour ce qui est des morceaux originaux du groupe, on dira qu’Adoration Destroyed verse dans un classicisme prudent en matière de rock industriel. « Here to bleed », « Torn apart », « Carnal dirge » ou « In elegant decay » se laissent écouter avec plaisir mais on a toujours l’impression d’entendre des inédits de Marilyn Manson ou du Nine Inch Nail. Deux remixes finaux viennent quand même étonner un peu, avec une relecture complète de « Here to bleed » par 16volt et un travail intelligent et sensible de Mr. Kitty sur « In elegant decay ». Ces deux morceaux sonnent complètement différemment des versions que l’on peut entendre plus tôt sur l’album.
Si vous êtes dans l’indus à tous crins, « Ritual damage » viendra vous faire vibrer. Mais si cette musique n’est pas votre truc, l’ombre des grands du genre comme Nine Inch Nails, Throbbing Gristle ou Marilyn Manson continuera de laisser peu de place au soleil à Adoration Destroyed.
Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2016/09/09