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BLACK TABLE – Obelisk

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Après s’être fait remarquer des spécialistes du genre avec un premier EP « Sentinel » en 2012, le groupe post black-metal américain Black Table vient marquer définitivement son territoire avec un premier album long format qui a quelques leçons à donner à tous les combos désirant faire parler d’eux dans ce genre encore en formation qu’est le post-black metal. Black Table est formé en 2010 entre New York et le New Jersey par quatre jeunes gens tourmentés par leurs angoisses quant au devenir de la civilisation humaine : Mike Kadnar, batteur également actif chez Downfall Of Gaia, Ryan Fleming (guitare), DJ Scully, bassiste que l’on peut aussi trouver chez les gens de Dead Empires, et Mers Sumida, une guitariste et chanteuse dont ni la voix ni le prénom ne peuvent révéler la féminité.

Allez savoir pourquoi, je n’ai jamais vraiment apprécié le black metal mais le post-black metal trouve grâce à mes oreilles. C’est sans doute le bon vieux proverbe des goûts et des couleurs qui s’applique ici. Et en la matière, les gens de Black Table vont continuer à me convaincre des vertus salutaires du post-black. A la différence de « Sentinel », plus erratique et encore assez black metal, « Obelisk » tisse un univers oppressant et lourd, naviguant dans les eaux sombres d’un lac souterrain qui s’écoulerait lentement vers des profondeurs infernales. La voix de harpie chagrinée de Mers Sumida vient capturer l’auditeur dans ses serres, griffant les tympans de plaintes agressives et ensanglantées.

Le groupe sait y faire pour construire un scénario sonore qui progresse peu à peu de la torpeur morbide (l’introduction « Equilateral ») vers des accès de rage inextinguible (« Obtuse », premier des quatre morceaux sur huit dépassant les six minutes), stoppés par des épisodes atmosphériques (« Shadow ») ou relevés par des références littéraires pas banales (« Helm », inspiré du fameux poème « Realms of the ancient mariner » de Samuel Taylor Coleridge). « Gargantua » (encore une référence littéraire) semble fissurer les murs qui enserrent les démons des enfers afin de laisser se répandre une cohorte de monstres hideux et lents.

Black Table marque également un intérêt pour les débuts de l’humanité, avec une série de derniers morceaux évoquant la préhistoire (« Cromagnon », « Homo ergaster »). Ce dernier titre n’est censé contenir que trois mots en sumérien en guise de paroles, mais les borborygmes affolés et stridents de la chanteuse Mers Sumida rendent le décryptage difficile. Sachez que ces trois mots « Ngae duminita men » signifient « Je suis le fils » dans la langue sumérienne qui est la première langue connue de toute l’histoire de l’humanité. A la toute fin de cet exercice de haut vol (ou de basse reptation, comme on veut), un dernier instrumental « Closing », avec ses percussions caribéennes presque vaudous, semble grincer en un appel à la résurrection des divinités infernales dormantes au creux de notre terre.

Black Table parviendra-t-il à faire revenir les démons mésopotamiens à la surface du globe? Vous le saurez en écoutant le prochain épisode des aventures du groupe, que l’on espère pour bientôt.

Pays: US
Moment Of Collapse/Silent Pendulum
Sortie: 2016/10/14

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