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SLAUGHTER AND THE DOGS – Vicious

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C’est d’un survivant de l’infini punk dont il est question avec ce retour remarqué du légendaire Slaughter And The Dogs, pionnier historique de la scène punk de Manchester qui fit ses débuts en 1975, autrement dit à l’époque du précambrien pour bon nombre de jeunes rockers d’aujourd’hui. On les pensait disparus, finis, évaporés, pulvérisés, enfermés dans des livres d’histoire du rock underground pour vieux punk cacochyme; eh bien non : Slaughter And The Dogs est toujours là et prêt à revenir sur terre pour revendiquer ses droits à la légende.

L’histoire remonte donc à très loin en ces lointaines années 70, où une transition s’opère tout doucement entre le glam rock de T. Rex et de David Bowie et le punk rock qui n’a encore aucune carte dans son jeu. Dans la froide et grise Manchester, un petit lad arpente fiévreusement les ruelles de la banlieue sud de Wythenshawe. Son nom, Wayne Barrett. Son obsession, David Bowie & The Spiders From Mars. Ses albums préférés, « Diamond dogs » et « Slaughter on Tenth Avenue » de David Bowie et de son guitariste Mick Ronson. Son projet, un groupe qu’il appellera du mélange des titres de ces deux albums : Slaughter And The Dogs est né.

Le groupe ouvre pour les Sex Pistols au fameux concert du Lesser Free Trade Hall de Manchester le 20 juillet 1976, un événement qui va lancer toute la scène punk de Manchester, avec en tête les Buzzcocks et Joy Division. C’est dire si Slaughter And The Dogs se trouve au cœur de la chose punk en Angleterre. Le combo marque les esprits avec son premier (et mythique) premier single « Cranked up really high » début 77. Une montée à Londres permet au combo de Wayne Barrett (chant), Mick Rossi (guitare), Brian Grantham (batterie) et Howard Bates (basse) de faire quelques concerts avec du beau monde (The Adverts, Johnny Moped, The Lurkers) et de signer chez Decca pour la réalisation de son premier album « Do it dog style » en mai 1978. Cet album regroupe les singles les plus populaires de Slaughter And The Dogs sortis fin 1977 (« Where have all the boot boys gone », « Dame to blame », « Quick Joey Small »), avec en plus une reprise du « Waiting for my man » du Velvet Underground et une autre du « Who are the mystery girls » des New York Dolls. C’est un des classiques à avoir pour tout amateur de punk historique de 1977-79. Il révèle un groupe qui aurait pu se hisser au niveau des Damned si son chanteur leader ne l’avait pas torpillé en mai 1979.

Les membres restants continuent brièvement sous le nom de Slaughter avec un autre chanteur appelé Ed Garrity (ex-Nosebleeds) mais les jours historiques de Slaughter And The Dogs sont bien finis. Wayne Barrett ressuscite son groupe au cours des années 1990 avec le guitariste Mick Rossi pour mener une existence en pointillé au fil des albums « Shocking » (1991), « Beware of » (2001) et ce tout nouveau « Vicious ».

Ici, Barrett et Rossi tiennent toujours la laisse du chien et laissent aboyer de nouvelles chansons bien enragées (« Trust (all I want from you) », « Hollywood whores », « Someday », « Trash talking queen »). Un rappel de la glamitude de Slaughter And The Dogs intervient avec une reprise musclée du fameux « Get it on » de T. Rex, histoire de se souvenir que les punks anglais trouvèrent en grande partie leur inspiration dans le glam rock des Seventies. Les vétérans tiennent le rythme avec l’aide de deux jeunes maîtres-chiens habitués aux morsures (Dan Graziano à la basse et Mark Reback à la batterie), qui emmènent les chansons avec entrain et énergie. Un soupçon de lourdeur rapproche plus la musique vers le hard rock que vers le punk juvénile et sautillant des débuts mais c’est bien connu qu’avec l’âge, on devient plus puissant mais moins agile.

Cependant, nos fringants anciens de Slaughter And The Dogs peuvent encore garder la tête haute et l’œil fier, leur come-back est une jolie réussite. Les béquilles et les déambulateurs peuvent toujours rester au placard, les hommes de Slaughter And The Dogs ont encore dans leur chenil quelques pitbulls à lâcher dans la masse informe des amateurs de musique énervée.

Pays: GB
Cleopatra Records
Sortie: 2016/09/16

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