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SELF-EVIDENT – We built a fortress on short notice

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Etrange histoire que celle de ce sixième album de ce groupe de Minneapolis appelé Self-Evident. Il fait l’objet d’une promotion en Europe aujourd’hui en 2016, bien qu’il soit sorti en novembre 2012. Quatre ans pour arriver jusqu’à nos latitudes alors qu’un septième album du groupe est sorti en 2015, voilà qui est une bien curieuse méthode pour se faire connaître.

D’autant que les choses vont vite dans le monde du rock, et qu’on peut se retrouver dépassé en quelques mois si on ne prête pas attention à la redoutable concurrence toujours prête à vous poignarder dans le dos pour prendre votre place. Mais avec Self-Evident, les questions de contemporanéité ne se posent pas vraiment car la musique post et math rock de ce combo affichant bientôt une vingtaine d’années d’existence est intemporelle. Que l’on écoute sur Bandcamp n’importe lequel de leurs albums « What we sound like » (2000), « Angular » (2003), « Epistemology » (2005), « Self-Evident » (2007), « Endings » (2009), « We built a fortress on short notice » (2012) ou « The traveler » (2015), on s’imagine que les gens de Self-Evident auraient pu sortir tous ces disques la semaine dernière.

Ceci peut vouloir dire deux choses. Soit c’est parce que l’œuvre de Self-Evident est taillée pour défier le temps, soit c’est parce que la scène post-rock connaît une sorte de fin de l’histoire où plus aucune évolution n’est possible. Mais l’écoute des disques de Self-Evident révèle aussi autre chose : le style manifestement personnel du groupe, qui compose des titres en mid-tempo, avec de nombreuses cassures du rythme, une guitare caverneuse et un chant très caractéristique, qui module peu et reste confiné dans deux ou trois octaves. Avoir un style personnel est pour un groupe de rock la chose la plus difficile, surtout de nos jours où tout a été inventé et réinventé. Mais ici aussi, cela peut vouloir dire deux choses : soit le groupe est sur un créneau créatif qui lui permet d’en explorer des potentialités nombreuses et variées, soit il fait toujours la même chose.

C’est un peu à cette dernière conclusion qu’on se trouve amené concernant cet album « We built a fortress on short notice » de 2012. Le chanteur Conrad Mach y développe une technique vocale qui va rapidement se révéler répétitive jusqu’à l’irritation, avec un style proche des chanteurs de bubble punk mais en plus calme. L’honnêteté exige néanmoins de dire que cette répétitivité se retrouve beaucoup moins sur les autres albums, tous plus ou moins similaires mais dont certains se détachent du lot (« Epistemology », « The traveler »). L’honnêteté exige aussi de dire que le jugement que je porte sur ce chant dans cet ici présent album est personnel et que c’est une question de goût. Il n’est pas interdit d’apprécier ce que fait Conrad Mach sur cet album, bien que je pense encore une fois qu’il a un peu tendance à tourner en rond, alors que musicalement, ses camarades Tom Berg (basse et chœurs) et Ben Johnston (batterie) font un boulot convaincant.

Sinon, la découverte de Self-Evident permet d’ouvrir des portes sur une scène indépendante américaine peu connue. On apprend par exemple sur le site du groupe que Self-Evident a effectué près de 700 shows dans neuf pays différents et qu’il a tourné avec des groupes comme Don Caballero, Oxes, Juno, Chokebore, Local H, Bad Wizard, The Vida Blue (Ten Grand), Traindodge, Bear Claw, Dropsonic, Riddle of Steel, ou House Of Large Sizes ou The Bronzed Chorus.

A propos de ce dernier groupe, il est annoncé que The Bronzed Chorus (récemment chroniqué sur ce site) accompagnera Self-Evident dans une tournée européenne en avril 2017. Si cette ménagerie passe à proximité, cela vaudra sans doute le coup d’aller y jeter un coup d’œil, plus pour The Bronzed Chorus que pour Self-Evident.

Pays: US
Doubleplusgood Records
Sortie: 2012/11/06

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