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VARIOUS ARTISTS – The Beatles and World War II (CD + DVD)

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Les années 1970 n’en finissent pas de nous surprendre. Voici une nouvelle preuve que cette décennie était celle de l’audace et de l’imagination débridée. Des couloirs du temps nous remonte en effet ce curieux documentaire, sorti à l’époque fin 1976 et qui partait de l’idée de raconter l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, avec des images d’archives et une illustration sonore signée des… Beatles. C’est le label Gonzo Multimedia qui exhume cette curiosité qui n’a pas laissé une trace profonde dans l’histoire, et pour cause.

Ce projet, originalement nommé « All this and World War II », est né de l’imagination de Susan Winslow, qui débutait dans le monde du documentaire et qui eut l’idée de mêler la musique des Beatles à la Seconde Guerre mondiale. Ce ne sont pas ici les chansons originales des Beatles qui sont utilisées sur ce documentaire mais des reprises jouées par différents artistes de l’époque. Et c’est là que le projet devient intéressant puisque nous découvrons toute une série de reprises de classiques des Beatles, interprétés par Leo Sayer, David Essex, Tina Turner, Bryan Ferry, Status Quo, Jeff Lynne, Elton John, Rod Stewart, Richard Cocciante, les Bee Gees, Keith Moon ou Peter Gabriel. La réédition de Gonzo sépare en effet l’aspect filmique (en un DVD) et l’aspect musical, compilé sur deux CD.

Ces deux CD égrènent le plus fameux des Beatles. Sans souci d’exhaustivité, on citera « Yesterday » (par David Essex), « I am the walrus », « The long and winding road » et « Let it be » (par Leo Sayer), « Come together » (par Tina Turner), « She’s leaving home » (par Bryan Ferry), « Nowhere man » et « With a little help from my friends » (par Jeff Lynne), « Get back » (par Rod Stewart), « Getting better » (par Status Quo), « Michelle » (par Richard Cocciante), « When I’m sixty-four » (par Keith Moon), « Strawberry field forever » (par Peter Gabriel) ou « Hey Jude » (par The Brothers Johnson). En tout, 22 versions, dont deux de « The fool on the hill » par Helen Reddy et John Williams, qui ouvrent et ferment la série. La plupart de ces morceaux sont introduits par des archives sonores d’époque, évoquant des discours de Roosevelt, Churchill, Hitler, Goebbels ou des extraits de films hollywoodiens traitant des grands événements de la Seconde Guerre.

Il est assez difficile de comprendre pourquoi telle ou telle chanson est associée à tel ou tel épisode de la guerre 39-45. On saisit mieux la subtilité en visionnant le documentaire. « Fool on the hill » est joué sur des images d’Hitler contemplant les Alpes bavaroises de sa villa de Berchtesgaden. « Getting better » coïncide avec le moment où les Alliés commencent à redresser la tête après les premières années de défaites contre l’Axe. Des images de femmes s’engageant dans les armées anglaises ou américaines illustrent « She’s leaving home ». Mais dans l’ensemble, on reste quand même interloqué par le concept. Comment des tenants du « peace and love » comme les Beatles ont-ils pu être associés au pire événement guerrier du 20e siècle? C’est un mystère. Bien évidemment, ce film ne va rencontrer aucun succès lors de sa sortie. Il tient deux semaines sur les écrans aux Etats-Unis, Pays-Bas et Suède, les seuls pays où il est sorti fin 1976. Immédiatement relégué aux oubliettes, ce film ressort près de quarante ans après, sous un nouveau titre et une nouvelle production signée Sandy Lieberson.

On peut donc voir la Seconde Guerre mondiale racontée chronologiquement par le biais d’images d’archives et d’extraits de films (« Le jour le plus long », « Tora tora tora »…) et écouter en même temps des chansons des Beatles, entre deux discours de politiciens ou bruits de bombes ou de mitrailleuses. Car l’écoute du DVD doit se faire avec en surimpression des bruits de bataille ou d’explosions. On peut donc écouter « Yesterday » en assistant à la campagne de France de 1940, « Help » en regardant les combats en Afrique du Nord, « With a little help from my friends » sur les plages des îles du Pacifique ravagées par les Marines ou « Michelle » en plein débarquement de Normandie. Tout ceci est quand même assez curieux. Notons qu’il n’y a pas de chansons des Beatles qui correspondent aux bombardements atomiques de 1945 ou à la découverte des horreurs des camps de la mort, décence oblige. Bizarrement, les producteurs de cette nouvelle version ont inséré tout à la fin des images de la guerre en Syrie ou de Daesh, comme pour avertir les populations de la similitude des événements de la Seconde Guerre mondiale avec ceux de notre époque contemporaine troublée. C’est très estimable, bien que ça modifie le documentaire original.

Cette curiosité reste intéressante pour les deux CD qui regorgent de reprises peu connues des Beatles. Pour les amateurs d’histoire, le documentaire du DVD offre une heure vingt d’images d’archives connues et qui n’apportent rien de nouveau. Je ne gâcherai pas le suspense en vous disant que ce sont les nazis qui perdent à la fin.

Pays: US
Gonzo Multimedia
Sortie: 2016/07/15

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