GERWING, Tim – The Butterfly Effect
Tim Gerwing est né au Canada mais a passé son enfance en Allemagne. A l’âge de quatre ans, il étudie la musique sur un glockenspiel, sorte de xylophone avec des lames métalliques. Un an plus tard, il étudie le piano. De retour au Canada, il continue à étudier le piano mais il se détourne rapidement du monde de la musique classique, rigide et tourné vers le passé.
Il se tourne vers les expérimentations jazz, électroniques, new age, pop/rock progressif, musiques du Moyen et de l’Extrême Orient. Il s’intéresse à la guitare, à la flûte et aux percussions. Il achète un synthé en 1988 et a composé depuis lors des bandes originales pour des productions théâtrales, des films télévisés ou des films de cinéma. En 2002, il sort son premier album, « Being To Being ».
Tim Gerwing est influencé par Brian Eno (Roxy Music), David Sylvian (Japan), Jon Hassell, Robert Fripp (King Crimson) et Vangelis (Aphrodite’s Child). Que du beau monde !
Serwan Yamulky, oud, Shawn Killaly, batterie, Mike Fraser, basse, Anne Schaeffer, voix, et Besart Hysniu, electronics, ont prêté leur concours à Tim Gerwing pour le nouvel album, « The Butterfly Effect – Contemporary Ambience In The Fourth World ». Tim Gerwing fait tout le reste.
Concernant le concept qui régit l’album, on doit à Edward Lorenz, un météorologue du MIT, l’idée qu’un battement d’ailes d’un papillon peut être amplifié de proche en proche et provoquer une tempête aux Antipodes.
Pour faire simple, il a utilisé cette métaphore en 1963 pour illustrer le caractère très complexe des prévisions météorologiques à long terme car on ne peut intégrer toutes les variables dans les calculs. Or, lors de ses expérimentations, il a remarqué que la moindre erreur infinitésimale dans une valeur de départ avait des conséquences énormes au niveau des résultats. Grâce à cette découverte, expliquée de manière très sommaire, les travaux de Poincaré ont connu un regain d’intérêt et cela a donné naissance à la Théorie du Chaos. Voilà pour le point de départ.
« The Butterfly Effect » débute par une voix parlée qui s’adresse au papillon en question pour lui demander son secret, sur fond de musique aérienne basée sur une ligne de basse agrémentée d’effets électroniques. Puis c’est au tour du synthé de créer l’environnement sonore qui accompagne des effets électroniques plus discrets.
« Effect01 [luminescent wing] » débute par des bruitages électroniques mêlés aux percussions et relayés par le synthé qui distille une musique très fluide. Elle évolue ensuite sur une couche de fond musicale descriptive produite par les bruitages sonores.
Très éthéré, c’est bien le moins, « Effect02 […the weight of the air…] » doit beaucoup à la musique de Evangelos « Vangelis » Papathanassiou. Constituée d’un amalgame sonore très évocateur et bourrée d’images, cette douce musique ambient pénètre votre inconscient et ne vous lâche plus.
« Effect03 [cumulonimbus 38° 16’N 140° 52’E] » joue plus sur les sons et les percussions entremêlés, sur un rythme saccadé et selon un rituel immuable. C’est sans doute une illustration sonore des effets des erreurs de calcul qui génèrent des effets totalement imprévus. Ici, c’est la présence d’un nuage qui pose problème et interfère avec les autres éléments pour donner des résultats inattendus.
« Effect04 [little walk: biota] » est un très long périple qui prend sa source sur un bruit de fond gênant qui fait rapidement place à une litanie entrecoupée de sons bizarres. Aux deux tiers du temps, la voix parlée apparaît pour énoncer des valeurs et des paramètres presque inintelligibles, accompagnée par un synthé lancinant qui parachève le trouble.
Très cristallin, « Effect05 [water] » simule à plusieurs reprises le bruit de l’eau versée et est ponctué par un gong dont la régularité donne la mesure du temps. Les bruitages multiples qui accompagnent la ligne mélodique achèvent de donner à ce titre des effets surprenants qui deviennent à la longue assez monotones par leur lenteur.
« Effect06 [air] » commence tout en douceur avec la voix haut placée de Anne Schaeffer. L’effet de cette voix sortie de nulle part libère des ondes positives qui servent à habiller une musique surprenante par sa complexité et son pouvoir onirique.
C’est une voix d’homme qui ouvre « Effect07 [working with you] », courte incantation envoûtante que ne renierait pas David Sylvian.
« Effect08 [étude] » débute par une attaque franche au piano, suivie de variations bizarres entrecoupées de courts silences. Le rythme syncopé génère un état d’attente anxieuse qui débouche sur une finale inattendue.
L’attaque en force de « Effect09 [big walk: atmosphere] » évoque les éléments déchaînés pressentis dans le morceau précédent. La voix féminine irréelle accentue le malaise et le caractère pompeux des thèmes musicaux entame le crescendo qui nous emmène de manière inéluctable vers un dénouement tragique.
« Effect10 [nothing useless in the sidereal immensity] » est un peu l’équivalent à la guitare acoustique de ce que « Effect08 [étude] » était au piano, un exercice de style rempli d’imagination.
« Stream Of Consciousness » débute par des percussions ronflantes qui créent un magma musical où le piano, le synthé et les bruitages électroniques se disputent la vedette. La ligne mélodique, qui est de toute beauté, émerge du chaos pour nous donner un zeste d’espoir mais le tambour maintient la tension et entretient l’angoisse. Les percussions emportent tout sur leur passage avec emphase pour finalement créer un courant de conscience salutaire qui préside à la destinée des terriens.
Pays: CA
CD Baby autoproduction
Sortie: 2004