MORSE, Neal BAND – Alive again
Il y a bien longtemps que l’on n’avait plus vu passer un album de Neal Morse dans nos colonnes. La dernière fois, c’était en 2008 avec l’album « Lifeline« . Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts mais cela n’a pas empêché l’ex-membre de Spock’s Beard de continuer une carrière prolifique. Car Neal Morse reste un véritable stakhanoviste qui ne rate jamais une occasion d’exercer ses talents de guitariste et de compositeur au fil de nombreux projets et d’albums solo. L’homme a continué de sortir des albums avec Transatlantic, super-groupe formé en 2002 avec Mike Portnoy (Dream Theater), Roine Stolt (Flower Kings) et Pete Trewavas (Marillion). Puis avec le même Mike Portnoy, il met au point le groupe Flying Colors (qui comprend aussi son homonyme Steve Morse, le fameux guitariste des Dixie Dregs et de Deep Purple) pour deux albums en 2012 et 2014. Toujours avec Mike Portnoy, il réalise en 2011 le deuxième album d’un autre super-groupe appelé Yellow Matter Custard, spécialisé dans les reprises des Beatles.
Et toujours avec l’indéboulonnable Mike Portnoy, Neal Morse sort deux derniers albums sous son nom en 2011 et 2012 (« Testimony 2 » et « Momentum »), sur lesquels on retrouve également Randy George, bassiste qui accompagne Neal Morse dans sa carrière solo. Tout comme Neal Morse, Randy George est un chrétien convaincu qui évolue dans le rock chrétien, un courant très en vogue aux Etats-Unis. Ensemble, Portnoy, Morse et George ont d’ailleurs réalisé deux albums de reprises de rock classique en 2006 et 2012.
Rien ne semble donc séparer ces trois musiciens. Ce n’est pas forcément la religion qui est leur point commun car si Neal Morse et Randy George sont des chrétiens, Mike Portnoy est de culture juive non-pratiquante. Ce qui lie ces trois gaillards, c’est l’amour d’un rock progressif bien fait et de haute volée. C’est ce que découvre encore une fois sur ce nouvel album live de Neal Morse, attribué au Neal Morse Band, récent auteur de l’album studio « The grand experiment » (2015). Autant le dire tout de suite, on vole dans des hauteurs stratosphériques en matière de qualité musicale. Et le disque se présente comme un objet magnifique : deux CD remplis jusqu’à la gueule d’une grosse quinzaine de morceaux et un DVD qui reprend le concert joué à Boerderij (Pays-Bas) en mars 2015.
Côté répertoire, le Neal Morse Band (qui comprend aussi Eric Gillette à la guitare lead et Bill Hubauer aux claviers et saxophone) exécute de longs extraits de « The grand experiment ». Défilent ainsi « The call », « The grand experiment », « Waterfall », « The creation », « Reunion » et l’hallucinant « Alive again » qui va nous occuper pendant plus de 34 minutes! Les morceaux de plus de dix minutes ne sont pas rares et occasionnent des moments magiques où le groupe déploie une science inégalée en matière de dextérité, puissance d’exécution, enthousiasme scénique et athlétisme rythmique. Quelques solos bien sentis de claviers (« Bill’s keyboard solo ») et de guitare (« Eric’s guitar solo ») révèlent notamment un Eric Gillette qui est loin d’être rasoir en matière de cavalcades sur le manche. Cet homme est incontestablement une fine lame.
Neal Morse rend également hommage à son premier groupe Spock’s Beard avec une reprise de « Harm’s way » qui figurait sur l’album « The kindness of strangers« (1997). « In the fire » provient de « ?« (2005) et « Leviathan » de « Lifeline » (2008). En bon chrétien, Neal Morse lâche aussi sur son public quelques louanges au Seigneur, comme « There is nothing that God can’t change » (à la guitare acoustique), « Rejoice », « Oh Lord, my God » ou « King Jesus ». Si vous ne croyez pas en notre Seigneur Jésus-Christ, vous serez néanmoins touchés par la grâce des grandes envolées instrumentales qui viennent emporter ces titres vers le firmament électrique intégral. Ça change du « Gloria » et du « Sanctus » ânonnés par les petites vieilles rhumatisantes de la chorale du dimanche.
Le DVD vous emporte le long des mêmes morceaux mais avec l’image en plus. On voit le groupe de Neal Morse évoluer sur la petite scène du Cultuurpodium de Boerderij, un petit club rempli d’une foule enthousiaste. L’image est impeccable, le montage dynamique, on voit Mike Portnoy derrière sa dizaine de fûts et de cymbales, on a le nez sur le manche de guitare d’Eric Gillette afin de ne rien rater de ses solos et l’on profite de la mine réjouie de Neal Morse qui mène son groupe en triomphateur. On s’en prend pour plus de deux heures et vingt minutes et c’est un véritable régal.
Que dire de plus? Les fans de Neal Morse mettront la main sur cet excellent live à la vitesse du son et les découvreurs profiteront de ce double disque et DVD pour entrer dans le monde de Neal Morse et faire connaissance avec son rock progressif musclé et classieux. A ne pas rater!
Pays: US
Radiant/Metal Blade
Sortie: 2016/08/05