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BEAR’S DEN – Red earth & pouring rain

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le deuxième album de Bear’s Den ne laisse pas indiffèrent. Un rapide coup d’œil sur les web critiques qui fleurissent sur les sites musicaux révèle l’émergence de deux écoles : ceux qui adorent et ceux qui détestent. Pour les étourdis qui n’ont pas encore entendu parler de Bear’s Den, un petit rappel s’impose. Ce groupe londonien formé en 2012 s’est fait remarquer avec son premier album de 2014, un « Islands » qui a notamment drainé une nomination au prix Ivor Novello dans la catégorie de la meilleure chanson avec « Under the clouds of Pompeii ». Cet album venait creuser un beau trou dans le jardin de l’americana et du folk rock nouvelle manière, suscitant la comparaison avec les compatriotes Mumford & Sons. Les musiciens de Bear’s Den, Andrew Davie (chant et guitare), Kevin Jones (chœurs, batterie, basse) et Joey Haynes (guitare et chant) avaient vu leur premier album se placer facilement à la 49e place des charts anglais et surfer au sommet des meilleures ventes de disques americana en 2015.

Cette année, Bear’s Den a cherché à passer à une nouvelle dimension, plus ambitieuse mais aussi plus délicate. Comme ses coreligionnaires de Mumford & Sons, il s’est éloigné du simple folk acoustique pour donner plus de substance à sa musique. Cette nouvelle orientation a sans doute généré des tensions au sein du groupe où les traditionnelles divergences de vue musicales ont entrainé le départ de Joey Haynes. Et comme Mumford & Sons, le groupe s’est aventuré sur le terrain glissant de la recherche de sens qui le pousse à abandonner ses bases traditionnelles pour se jeter dans l’inconnu. Ce mouvement stratégique aboutit habituellement à séparer les groupes de leurs fans de la première heure pour leur en apporter de nouveaux.

Sur ce deuxième album « Red earth & pouring rain », Bear’s Den a beaucoup travaillé. Fort des expériences glanées sur la route, le leader Andrew Davie a mis dans sa musique des thèmes qui lui sont importants, comme le sentiment de perte, le remords, les tentations de s’échapper, avec une inspiration née des tableaux d’Edward Hopper, les livres de Raymond Carver ou les films de Robert Altman. En quelque sorte, Andrew Davie vise haut et grand.

Mais qu’est-ce que cela donne musicalement? Un disque ambitieux, soigneusement travaillé aux célèbres studios Rockfield du pays de Galles, avec des chansons de longues haleine (rien à moins de quatre minutes), portées par un souffle épique et une voix profonde. Certes, cela donne beaucoup de mérite à « Red earth & pouring rain », qui enchante déjà les jeunes auditeurs. Mais c’est là que les auditeurs plus anciens se doivent d’intervenir en avertissant la nouvelle génération sur un aspect inquiétant concernant cet album : l’absence quasi-totale d’originalité. Les vieux tympans, les anciennes mémoires encore un peu actives sous les chevelures grisonnantes se mettent à travailler et faire des connections avec tout ce que les années 80 ont pu connaître dans le pop rock mainstream porté à l’époque par Bruce Springsteen, Robert Palmer, Paul Young, Christopher Cross, Fleetwood Mac, Don Henley ou les Eagles. On retrouve tout cela dans le dernier album de Bear’s Den, mais pas sous une forme synthétisées et transcendée. On sent plutôt le copier-coller de pans entiers de ces bons vieux caciques des Eighties, impression renforcée par le fait que les chansons de ce nouvel album ont une certaine tendance à la redite. Le style vocal revient sur les mêmes intonations d’une chanson à l’autre, provoquant ainsi une impression de monotonie. Avec les mêmes tempos et les mêmes mélodies tout au long de l’album, le sentiment de standardisation n’est pas estompé, bien au contraire.

Notre sévérité à l’égard de ce disque est néanmoins atténuée par la merveilleuse ballade « Love can’t stand alone », à la grâce cérémonieuse impressionnante. Mais ce titre ne fera pas oublier que « Red earth & pouring rain » n’arrive pas à masquer sa monotonie et son manque d’originalité derrière un apparat grandiose. Il n’est pas interdit d’apprécier cet album mais en faire une icône des temps moderne serait un peu exagéré.

Pays: GB
Communion Records
Sortie: 2016/07/22

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