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CONFORMISTS (The) – Divorce

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Il ne faut pas se fier aux noms des groupes. The Conformists, par exemple, ne sont pas conformistes pour deux sous. Au contraire, ils seraient plutôt du genre à semer la confusion partout où ils passent. Avec eux, ne vous attendez pas à un gang de pop stars à paillettes bien engoncées dans la certitude du succès et de la soupe mainstream servie à des millions de fans idiots. The Conformists est au contraire une bande de gars du coin, de Saint-Louis dans le Missouri pour ne pas le citer, qui ont usé leurs semelles de godasses sur les planches des petites scènes locales du Missouri, du Wisconsin ou de L’Illinois, et cela depuis une bonne vingtaine d’années.

The Conformists, c’est vingt ans d’existence, quatre albums, une équipe qui a fait une consommation de batteurs comme Lemmy enquillait les cigarettes, et une attitude je-m’en-foutiste qui n’oublie pas néanmoins de faire une musique marquante et captivante, pour peu que l’on soit un peu versé dans le post-punk underground grungy et décadent.

Car avec The Conformists, il va falloir s’accrocher au pinceau avant qu’ils n’enlèvent l’échelle. Sur « Divorce », album qui suit « Two hundred » (2004), « Two hundred » (2007) et « None hundred » (2010), cette bande actuellement composée de Christopher Dee (guitare), Mike Benker (chant, de retour après une absence de quatre ans), Chris Boron (basse) et Patrick Boland (batterie) donne carrément dans une mixture où l’on voit bouillonner à la surface des bouts de Pere Ubu, les Melvins, Devo et Captain Beefheart. On vous l’avait dit, il n’y a pas de place pour Beyoncé ici.

Déjà, rien qu’avec les titres des morceaux, on sentait affleurer le bizarre. « Reverse alchemist », « S apostrophe period S period S period opening parenthesis J period B apostrophe period closing parenthesis » (oui, vous avez bien lu, imaginez le temps que ça prend de présenter ce morceau sur scène), « Our baseball careers » ou « Polish live invalid » : de quoi se fendre la pêche d’entrée de jeu.

Et pour le contenu, on navigue dans les même eaux de loufoquerie tendue, avec titres erratiques ponctués de breaks multiples, d’une noria de changements de rythmes, de contre-accords, de désaccords ou d’anti-accords, avec un chant tantôt hurlé, tantôt murmuré. On se croirait parfois en plein « Trout mask replica » de Captain Beefheart (« Reverse alchemist », « Polish live invalid ») mais on respire en apprenant le nom du producteur de cet album, qui n’est autre que le légendaire Steve Albini en personne. Ici, c’est tout l’underground américain des Nineties qui reprend l’offensive. Ces gens profèrent des paroles surréalistes ou post-apocalyptiques, se livrent à de l’expérimentation déjantée avec un morceau de treize minutes dont la moitié est juste une onde sonore qui vrombit sans fin sur un mode atonal. C’est foncièrement anti-commercial, antisystème, anticonformiste et donc proche du génie. Je ne serais pas étonné d’apprendre que les gens de The Conformists détestent les ratons laveurs et les montres à gousset…

Pays: US
Aagoo Records
Sortie: 2016/06/10

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