SPRINGSTEEN, Bruce – Devils & Dust
Alors que l’album « The Rising« , sorti en 2002, avait été enregistré avec le E Street Band, Bruce Springsteen est retourné seul en studio pour un album acoustique à la manière du « Nebraska » de 1982. Le Boss n’est cependant pas tout seul, mais le comité accompagnateur est très restreint. On y trouve le producteur Brendan O’Brien à la basse et Steve Jordan à la batterie. Patti Scialfa (Madame Springsteen) apparaît pour quatre titres dans les backing vocals.
L’album précédent était baigné par un côté sombre faisant suite aux attentats du 11 septembre 2001. Ce « Devils & Dust » se veut également sombre, mais aussi très intimiste. Le morceau titulaire en est un bel exemple. C’est aussi le premier single extrait de cet opus. Il est superbe de sensibilité et on ressent un feeling particulier. « All the Way Home » prend un côté plus rock et dynamique. C’est aussi le seul titre écrit en 1991, mais qui était depuis resté dans les tiroirs. « Reno », qui a récemment défrayé la chronique aux Etats-Unis à cause de ses paroles, nous replonge dans une ambiance folk et intime. Bruce y parle de relations sexuelles avec une prostituée. D’où le boycott de l’album par une chaîne de magasins américaine…
« Long Time Comin' » se montre plus rythmé. Il aurait pu être joué par le E Street Band. On y trouve d’ailleurs Dan Federici aux claviers et Patti Scialfa aux choeurs. Grande intimité à nouveau avec « Black Cowboys » sur lequel Springsteen raconte plus une histoire qu’il ne la chante. C’est un grand moment de folk. Avec « Maria’s Bed », très folk également, c’est un Boss un peu Young qui se présente à nous. La guitare acoustique sort de petites plaintes qui se mélangent parfaitement au hurdy gurdy joué par O’Brien. Le rythme finit par s’imposer au fil du superbe crescendo de la chanson.
Très intime sera « Silver Palomino ». Springsteen y est seul avec sa guitare. Le fameux « Nebraska » n’est pas loin. La mélancolie transpire de sa voix quand il raconte l’histoire de cette mère qui décède laissant seul son jeune fils pour qui cette perte sera incommensurable. Pour « Jesus Was An Only Son », Bruce joue de tout, guitare, claviers, basse et même batterie. Les choeurs, où l’on trouve Patti, lui donneront une profondeur mystique. Toujours homme à tout faire, le Boss se lance dans « Leah ». Seule la trompette n’est pas de lui, mais de Mark Pender. Ambiance superbe et prenante !
« The Hitter » est aussi proche de l’ambiance « Nebraska » avec un Springsteen aux commandes de tout sauf des très discrets cuivres. Moment magique incitant à l’écoute attentive malgré le dépouillement sonore ! Sur « All I’m Thinkin’ About », il prend une voix aigue inhabituelle. Avec O’Brien à la basse et lui au reste, il nous offre un moment inattendu et d’une grande beauté. Les choeurs de Patti Scialfa, Soozie Tyrell et Lisa Lowell complètent parfaitement l’ensemble qui nous entraîne inexorablement à battre la mesure. Enfin, l’album se termine avec un Sprinsgteen seul aux commandes pour « Matamoros Banks ». La chanson est dédiée aux nombreux morts venant du sud qui tente chaque année de franchir la frontière américano-mexicaine, en traversant fleuves, déserts et montagnes, à la recherche d’un monde meilleur.
L’édition spéciale de cet album contient un DVD avec cinq titres. Tous figurent déjà sur le CD : « Devils & Dust », « Long Time Comin' », « Reno », « All I’m Thinkin’ About » et « Matamoros Banks ». Ils sont joués par Springsteen en acoustique comme l’est sa tournée actuelle. Il ne s’agit pas ici de concerts mais d’une prise isolée réalisée pour l’album et où le Boss introduit les morceaux par ses commentaires. Voilà néanmoins une bonne occasion de découvrir l’ambiance qui devrait régner lors de ses concerts avant qu’il ne soit à Bruxelles le 30 mai 2005.
Avec ce « Devils & Dust », nous sommes bien obligé de constater que Bruce Springsteen a sorti un grand album, sans doute même son meilleur ! L’ambiance générale est intime et mélancolique. On se laisse baigner par ses chansons et, arrivé au bout, on n’a qu’une envie, c’est de ré-appuyer sur play. Cet album est absolument incontournable !
Pays: US
Columbia 520000 2
Sortie: 2005/04/25
Eh oui!! Le boss, bien loin de porter un regard nostalgique sur sa carrière, continue d’aller de l’avant musicalement parlant. Cet album ne pourrait pas être chanté par quelqu’un d’autre et en même temps il n’est en rien une redite par rapport à Tom Joad et Nebraska auxquels on pense indubitablement à son écoute. A la limite c’est Tunnel of love qui s’en rapproche le plus pour ce subtil équilibre entre folk et rock. Entre électrique et acoutisque. Envoutant comme bien souvent dans les ambiances acoustiques qu’il sait créer le boss livre parmi les plus belles chansons de sa carrière comme The Hitter ou Devils and Dust. La vérité une fois de plus se vérifiera sur scène où, comme toujours avec lui, les chansons prendront toutes leur force et viendront s’intégrer harmonieusement à sa discographie pour ceux qui en douterait.
Des albums comme ça, y’en aurait plus on téléchargerait moins !!