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WOLFGANGS (The) – Lovesick

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Le monde du rockabilly/punkabilly français possédait un groupe désormais mythique, les Hellsuckers. Lorsque ce combo alsacien part en fumée en 2007, deux de ses ex-membres, Dean Blondin et Jim Bullit, cherchent à se refaire une santé en continuant le combat du punkabilly, bien leur en prenne. C’est au cours d’un concert du non moins mythique Reverend Horton Heat que les deux gaillards font la connaissance de Lothar Duesenberg et de Cha’ von Wolfgang, une punkette pulpeuse et griffue qui fait rapidement montre de ses talents vocaux. C’est ainsi qu’en décembre 2008, entre Colmar et Strasbourg, naissent The Wolfgangs, nouveau groupe punkabilly chargé de défendre le genre contre les marches du Saint-Empire germanique.

Déjà, rien que le nom amuse. The Wolfgangs, ça fait penser à une clique de hobereaux bavarois retranchés dans un château médiéval d’où ils rançonneraient les malheureux voyageurs imprudemment en balade sur leurs terres maudites. Ça sent le gothique et le décadent, les membres artificiels du baron prussien revenu du front et reconverti dans la médecine louche, l’odeur graisseuse d’un Mauser 96 encore fumant planqué sous les jupes d’une Fräulein fatale.

Et musicalement, c’est toute cette ambiance inquiétante et mortifère qui ressort sur le nouvel album des Wolfgangs, un « Lovesick » qui fait suite à « Shout with the devil », sorti en 2011. Question nervosité, les Wolfgangs se placent d’emblée comme des petits maîtres, insufflant une rythmique de lièvre marathonien sur leurs treize morceaux, dont une reprise du fameux « That’s all right » d’Arthur Crudup, popularisé en son temps par un certain Elvis Presley, et une autre du « Funnel of love » de Wanda Jackson. C’est dire si ces sbires sont de fins lettrés en matière de rock ‘n’ roll déviant. Et côté morceaux originaux, il n’y a rien à dire, tout coule de source dans le bruit et la fureur. The Wolfgangs sont aussi convaincants sur les morceaux ultra-speed (« Lovesick », « Angel of death », « Night was so long ») que dans les rythmiques plus soyeuses (« No sign », « Lonesome soul »). Dean Blondin fait hoqueter sa contrebasse avec une maîtrise rare, tandis que son camarade Lothar Duesenberg fait cingler ses accords de gratte comme un fouetteur-chef sur galère romaine. La palme revient sans doute à la chanteuse Cha’ von Wolfgang, équipée d’un organe dominateur et suffisamment souple pour se marier à toutes les variations de rythmes ou de mélodies. Et le plumage de la donzelle ressemble à son ramage, ce qui ne gâche rien.

Au final, c’est tout simplement un excellent album de rockabilly qui se présente à nous ici. Le genre ultra-codé est souvent revisité par des combos souffrant d’un manque d’imagination mais ici, les Wolfgangs affichent à la fois de la fantaisie morbide dans leurs créations et une impeccable maîtrise technique. Comme on dit dans le Michelin : mérite le détour.

Pays: FR
Wolferine Records
Sortie: 2016/06/10

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