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BULGOGI – Juan dissed the Cyclops baby (EP)

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Les connaisseurs de gastronomie coréenne vous diront que le bulgogi est le nom d’une recette de bœuf mariné, mais les punks de Caroline du Nord vous rétorqueront que Bulgogi est en fait un combo d’allumés qui hantent la région d’Asheville depuis le début des années 10. L’aventure commence dans une chambre d’étudiant où Tim Tsurutani aligne des morceaux qu’il enregistre lui-même tout en assurant la guitare, la boite à rythme, le chant et la basse. Il sort ainsi le premier album de Bulgogi en juin 2013. « Give up your guts » est un exercice de dance punk électronicien oscillant entre Hot Chips et Chik Chik Chik, habité par la voix de fausset de Tim Tsurutani.

C’est encore Tim Tsurutani qui officie seul aux commandes de « BiBimBaP » en janvier 2014, avec un album qui continue d’explorer la veine dance punk, moyennant davantage de subtilités en la matière. Mélodies maniérées et punk crasseux cohabitent sans la moindre honte, avec toujours les acrobaties vocales de Tim Tsurutani (« Into the rat den », « Blood puppets »).

Les choses changent radicalement quand Tim Tsurutani trouve finalement quelques compagnons d’infortune pour continuer Bulgogi. Arrivent alors dans l’arène Ryan Comer (guitare), Galen Dotson (basse) et Hugh Huffstedtler (batterie) et le Bulgogi amplifié ambitionne d’écrire un opéra rock, rien que ça. Mais ce qui devait être un opéra rock et s’appeler « Jaundiced cyclops baby » terminera en fait en EP quatre titres sous le nom de « Juan dissed the cyclops baby », afin de donner tort aux détracteurs qui trouvaient que le premier titre était complètement idiot. C’est vrai que le second titre est beaucoup plus clair…

Enregistré aux studios Retrofeed et Galaxy d’Asheville, produit par un certain Nick Jones, « Juan dissed the cyclops baby » ne propose que quatre morceaux mais ceux-ci sont suffisamment denses pour occuper un espace sonore conséquent. On découvre encore davantage les possibilités vocales de Tim Tsurutani, qui se balade les doigts dans le nez entre aigus stridents et grognements souterrains, glissant avec aisance sur les octaves. Les morceaux prennent le temps de construire des ambiances variées, où la finesse gracile des mélodies nerveuses est soudainement bousculée par des intrusions hardcore (« School », « The drill »). Le dernier morceau « Rotten » pourrait être comparé à du Muse redevenu intéressant et inventif.

Tendrement foufou, sérieusement dingo, ce petit album est une introduction enthousiasmante à l’œuvre d’un groupe sans doute perpétuellement condamné à l’underground. On pourra découvrir le reste des albums de Bulgogi sur le site Bandcamp du groupe. Un petit voyage qui vaut la peine.

Pays: US
Autoproduction
Sortie: 2016/04/11

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