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PLYMOUTH FURY – Love booze

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Il y a quand même de bonnes nouvelles en cette difficile année 2016, avec le retour de Plymouth Fury qui signe un deuxième album tout aussi explosif que son précédent « Vaudeville« , datant de 2013. Ce vaillant album n’avait laissé que ruines fumantes autour des chaînes hi-fi et il trouve ici un successeur tout à fait digne qui va se charger d’achever le boulot.

Nous ne rappellerons pas que les Parisiens de Plymouth Fury ont baptisé leur groupe en hommage à la voiture qui fit les belles heures des chaînes de montage de Detroit dans les années 60, rappelant ainsi tout l’héritage rock dur et pur que cette ville ouvrière a engendré. On sent bien derrière les guitares surchargées en volts et les amplis chauffés à blanc que ce trio vénère tout ce qui peut provoquer des électrochocs en musique, que ce soit celle des Sixties (Stooges, MC5) ou des Nineties (Nirvana, Jane’s Addiction, Pixies).

Les Plymouth Fury restent ici fidèles à leur style percutant mais chatouillent un peu plus les doigts de pied d’un psychédélisme énergique et grandiloquent. Ça démarre costaud avec l’impérial « DMF », qui envoie du riff à tout casser, taraudant un chant de petite frappe aux testicules prises dans un étau bien serré. D’entrée de jeu, les murs se fissurent. L’écroulement de la brique se confirme avec le braillard « Girl of the pack », garanti bulldozer. Même tension névrotique sur « Dead but high » qui émet des signaux en direction des Datsuns (tiens, encore un nom de bagnole pour un groupe surexcité).

La transition se fait alors sentir et on voit le groupe décoller vers des cieux plus stratosphériques où les nuages mauves sont traversés de vaisseaux intergalactiques parfumés au patchouli. Tiens, le titre qui vient de m’inspirer la vision de nuages mauves s’appelle justement « Purple Skies », pas fait exprès. La durée des morceaux s’allonge d’ailleurs quelque peu et on monte progressivement vers du psychédélisme toujours fortement concentré en guitares rageuses et en rythmiques plombées, il ne faut quand même pas perdre le sujet de vue. « Love booze » déploie des pesanteurs troublantes et lascives, comme un appel insidieux à draguer l’institutrice de vos enfants (ou votre propre institutrice si vous êtes plus jeunes). « Dirty needs » conserve cette ambiance lourde et envoutante qui nous emmène de troquets louches en bars miteux à la recherche de strip-teaseuses pas farouches.

La dernière partie d’album nous fait redescendre vers des altitudes où le risque de se prendre de la munition anti-aérienne augmente. « Guts » alterne le gentil et le méchant dans une atmosphère à la Pixies. « Thermobaric » lâche des hordes de guitares et de basse qui hachent et menacent et finissent par pacifier la zone au lance-flammes. « Costa de la muerte » prend ses jambes à son cou pour une course éperdue rythmée par une basse athlétique et garnie d’un chant à la Jane’s Addiction. Quant à « Maribor », il termine le disque avec sept minutes de lourdeur malsaine et d’éclats d’instruments mal léchés.

Par rapport à « Vaudeville », ce « Love booze » marque de nouveaux développements dans la musique de Plymouth Fury. Le garage punk binaire des débuts se mâtine de subtilités psychédéliques qui conservent néanmoins un haut niveau d’énergie à l’ensemble de l’album, apportant de la variété sans altérer l’esprit féroce de Plymouth Fury, un groupe décidément bien excitant.

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2016/05/03

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