ZONGHYU – Zonghyu
Du jazz rock progressif chinois, vous aviez déjà entendu? Pas banal, en tous cas. Mais précisons les choses : Zonghyu n’est pas un groupe chinois, malgré son nom qui signifie « finalement » en mandarin. C’est un groupe américain monté par un musicien qui a passé trois ans en Chine. Forcément, Jon Davis est revenu de l’Empire du Milieu avec les oreilles pleines de sonorités locales qu’il a voulu mettre en musique en les fusionnant avec sa propre culture sonore. Lui qui est actif en musique depuis les années 70 n’avait pas vraiment eu l’occasion d’avoir son propre groupe et lorsque c’est finalement arrivé, Jon Davis a eu ce mot « finalement » en tête et a baptisé sa formation d’après le terme chinois qui correspond.
La culture musicale de Jon Davis est aussi fortement ancrée dans le rock classique, le punk rock ou l’expérimentation électronique. Il a donc composé les titres de « Zonghyu » en gardant en mémoire le rock progressif classique de sa jeunesse et en y incluant des éléments jazz fusion et exotiques. Son équipe est constituée de Dennis Rea (guitare), Alicia Dejoie (violon électrique), James Dejoie (saxophone, flûte, clarinette) et Randy Doak (batterie et percussions), Jon Davis tenant quant à lui le Chapman stick (un sorte de gros manche de guitare réduit à sa plus simple expression), le guzheng (une cithare chinoise), le Mellotron et l’ARP 2600 (un synthétiseur portable semi-modulaire monophonique). Notons que Dennis Rea, Alicia Dejoie et James Dejoie sont par ailleurs membres du combo jazz-rock Moraine, qui opère depuis quelques années à Seattle.
La musique de Zonghyu va donc opérer une rencontre entre l’Occident et l’Orient, avec des pièces mettant en scène des constructions jazz fusion et des ambiances issues de la Cité Interdite de Pékin. Les titres des morceaux, suprême raffinement linguistique, sont traduits en chinois sur la pochette du disque. Des morceaux comme « Half remembered drowning dream », « Hydraulic fracas », « Sleepwalking the dog » ou « All food comes from China » sont significatifs de ce style qui prend son temps pour développer des atmosphères éthérées et complexes. Tout est instrumental et Zonghyu fait intervenir le trompettiste Daniel Barry sur le morceau « MBBL », d’obédience beaucoup plus jazz expérimental occidental.
Le grand mérite de cet album est d’apporter au jazz-fusion, vénérable style parfois pesamment réglementé, une approche nouvelle née de la musique orientale. Au moment où les Indonésiens font du jazz-rock hyper-occidentalisé, les Américains tentent les sonorités asiatiques : un intéressant mouvement de va-et-vient.
Pays: US
Moonjune Records
Sortie: 2016/05/17