SAVOLDELLI CASARANO BARDOSCIA – The great jazz gig in the sky
Si je ne l’avais pas lu sur le site Internet du label Moonjune Records et si je n’avais pas vu les noms de Roger Waters, Nick Mason et consorts sur les crédits des chansons figurant sur cet album « The great jazz gig in the sky », je n’aurais jamais deviné qu’il s’agissait ici d’une relecture complète du fameux « The dark side of the Moon » exécutée par ce trio composé de Boris Savoldelli, Raffaele Casarano et Marco Bardoscia. En effet, les reprises du célèbre album des Pink Floyd sont jouées de telle façon qu’il est quasiment impossible de retrouver les sonorités originales.
Afin d’être tout à fait sûr de cette première impression, il fallait bien entendu procéder à une écoute de l’album original. Je dois admettre que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté « The dark side of the Moon », dont une écoute régulière est pourtant nécessaire pour tout amateur de musique rock. Mais après cet exercice, il a bien fallu reconnaître que l’interprétation faite par Savoldelli, Casarano et Bardoscia était plus fidèle qu’imaginé au départ et que c’est l’instrumentation qui faisait la grosse différence.
En effet, si l’album de Pink Floyd est parcouru d’une luxuriante instrumentation (le top de l’époque en matière d’électronique, ce qui a fait de ce disque le meilleur testeur de chaîne hi-fi au monde), la version de Savoldelli, Casarano et Bardoscia est beaucoup plus modeste, ne mettant en lice qu’une basse, un saxophone et quelques effets électroniques. Mais les Italiens s’en tirent fort bien en recréant à leur manière les éléments musicaux qui figuraient sur « Dark side… ». Il faut dire qu’ils peuvent compter sur le chant varié et nuancé de Boris Savoldelli, qui imprime une nouvelle âme aux titres revisités. Par exemple, « Time » solidement rythmé en 1973, est quasiment chanté a capella, avec une structure minimale de contrebasse et de violon. Par contre pour ce qui est de « Money », on a beau tendre l’oreille, on ne retrouve pas les célèbres bruitages de caisse enregistreuse qui ont fait la réputation de ce morceau. « The great gig in the sky », quant à lui, est complètement ré-instrumentalisé en version dubstep.
Cela choquera peut-être les puristes de Pink Floyd, mais on peut considérer que cet album « The great jazz gig in the sky » est une réussite, due à l’expérience des musiciens qui se sont livrés à cet exercice. Boris Savoldelli est dans le métier depuis la fin des années 80 et a réalisé une petite dizaine d’albums, dont « Protoplasmic » et « Biocosmopolitan » qui sont sortis chez Moonjune Records. Raffaele Casarano vient de fêter ses 35 ans et est un saxophoniste prolifique qui anime son groupe Locomotive et se produit partout en Europe (et particulièrement à Bruxelles, d’ailleurs). Quant à Marco Bardoscia, il croule sous les récompenses (Berklee College of Music de Boston, par exemple) et mène depuis une quinzaine d’années une riche carrière de contrebassiste en collaboration avec des jazzmen transalpins réputés et a déjà sorti deux albums solo.
Autrement dit, ces trois gaillards savent ce qu’ils font quand ils s’attaquent à un monument comme « The dark side of the Moon ». Le résultat est surprenant mais pour peu qu’on ait l’esprit ouvert, on adhérera à ce concept intéressant. Il reste à lever l’inconnue de la réaction des fans inconditionnels de Pink Floyd, capables aussi bien de sortir les flingues que de lever le pouce en guise d’approbation. Qui vivra verra.
Pays: IT
Moonjune Records
Sortie: 2016/05/15