ELEANORA – Allure
Deux ans après leur premier EP et un EP partagé avec Amenra, les Gantois d’Eleanora se décident enfin à vitrifier la terre avec leur premier album « Allure ». Les espoirs que nous avions fondés sur ce groupe à l’écoute de leur premier EP deux titres se réalisent et accouchent d’une œuvre impressionnante.
Mathieu Joyeux (chant), Jeroen De Coster (basse), Christophe De Ridder (guitare), Stijn Witdouck (batterie) et Robin Broché (guitare) mettent sur la table quatre nouveaux titres d’une rare densité. Le faible nombre de ces morceaux est rattrapé par leurs durées, oscillant de huit à seize minutes. Autrement, dit, les gens d’Eleanora ont tout le loisir de se laisser aller à de longues coulées de guitares épaisses et tranchantes, de dériver sur des structures rythmiques complexes et versatiles et de lâcher leur chanteur dans des zones aiguës et désespérées où ce dernier laisse éclater sa rage inextinguible.
Mathieu Joyeux a en effet un nom qui ne correspond pas du tout à la personnalité de son chant. L’histoire ne dit pas s’il est dans le privé un joyeux drille amateur de jeux de mots vaseux et de coussins péteurs mais une chose est sûre : une fois enfermé en studio, l’homme devient une bête sauvage, un troll électrifié qui vous jette ses cordes vocales brûlantes au visage et qui profère un chant incompréhensible dont on devine quand même qu’il ne parle pas du plaisir de cueillir des marguerites dans les champs ou de se mitonner un bon bœuf mironton.
Non, ici, on est entre les quatre murs d’une cellule d’asile psychiatrique, on erre au milieu de la dévastation post-apocalyptique, on a les légions de l’enfer qui vous collent de près et on collectionne les cordes de pendus. La dépression et l’abattement sont au rendez-vous à tous les instants de cet album sinistre et grandiose, qui évacue un sludge metal anxieux et carnassier. Parfaitement en ligne avec la philosophie d’Amenra, Isis, Botch ou Converge, cet album vous file la chair de poule et vous aplatit sous des kilotonnes de malheur agréé par la société internationale des psychanalystes fous. « My scepter sword of vengeance » et « Telos » (avec ses seize minutes de descente dans un gouffre insondable), sont des pièces particulièrement flippantes et grandes de désespoir incommensurable.
Parrainé par la maison Consouling Sounds, Eleanora fait une entrée remarquée dans les hautes sphères du sludge belge aux côtés d’Amenra, bien sûr, mais aussi pas loin de Sardonis, Steak Number Eight ou 30,000 Monkies.
Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2016/05/06