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KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD – Nonagon infinity

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Il ne faut jamais sous-estimer l’Australie, sur tout en matière de rock. On sait que depuis les Easybeats des Sixties ou les tout-puissants AC/DC dans les années 70, l’Australie a toujours eu du répondant face à la domination anglo-américaine. Avec son punk rock valable (Radio Birdman, Hoodoo Gurus, Hard-Ons), son rock mainstream plus que pertinent (Men At Work, Midnight Oil), sans parler de son hard rock (Rose Tattoo, Angel City, Airbourne) l’Australie fournit de savoureux produits du terroir qui nettoient les cervelles et guérissent les maux de hanche. Dans le domaine du néo-psychédélisme, le pays des kangourous devient depuis quelques années un pourvoyeur de groupes on ne peut plus captivants. En effet, on a vu récemment fleurir des combos capables de tutoyer les anges tout en vous refilant la tremblote avec un rock à la fois aérien et énervé. On citera Tame Impala, Pond ou les ici présents King Gizzard & The Lizard Wizard.

Ce groupe au nom imprononçable est actif depuis 2010 et a entamé une production discographique stakhanoviste qui se solde par deux albums par an en moyenne. La créativité est sans doute entretenue par le nombre de musiciens qui s’affairent dans cette entreprise. Ils ne sont en effet pas moins de sept : Stu Mackenzie (chant, guitare et flûte), Joe Walker (guitare et chant), Eric Moore (batterie), Ambrose Kenny Smith (harmonica, chant et synthétiseurs), Lucas Skinner (basse), Cook Craig (guitare) et Michael Cavanagh (batterie). Cette fine équipe est actuellement en pleine phase montante dans sa productivité et sa créativité, avec une pluie d’albums qui entretiennent les émois de la presse spécialisée sur une base permanente : « 12 bar bruise » (2012), « Eyes like the sky » (2013), « Float along – Fill your lungs » (2013), « Oddments » (2014), « I’m in your mind fuzz » (2014), « Quarters! » (2015), « Paper mâché dream balloon » (2015) et un nouveau « Nonagon infinity » annoncé en 2016.

On le voit, il s’agit de deux albums par an, avec une versatilité de style qui laisse pantois : psychédélique et jazz-rock sur « Quarters! », un album qui se paie le luxe de fournir quatre titres qui ont tous la même durée de 10 minutes et dix secondes, folk contemplatif sur « Paper mâché dream balloon », transe latino et beat délirant sur « Oddments », garage punk sur « 12 bar bruise », stoner raffiné sur « Float along – Fill your lungs ». Mais le plus passionnant est sans doute dans « I’m in your mind fuzz », l’album qui les fait connaître dans le monde, atteint la 85e place des charts australiens et délivre la panoplie ultime qui résume la Weltanschauung du groupe : une course épique de 40 minutes, menée à fond de train et qui fait péter un garage psychédélique punk, fuzzy et stratosphérique qui coupe les jarrets et fait perdre le souffle. King Gizzard & The Lizard Wizard est en train de devenir une des grandes sensations du moment, impression qui va être confirmée par le tout nouvel album du combo.

« Noganon infinity » s’inscrit dans la même ligne musicale que l’antépénultième « I’m in your mind fuzz », avec une suite de titres enchaînés de tel façon qu’ils ne forment qu’un, le tout joué pied au plancher sous des avalanches de guitares fuzz et de space-rock en état d’alerte. « Robot stop », « Big fish wasp », « Gamma knife » impriment un rythme de locomotive atomique à cette première partie de disque qui semble alimentée par une énergie intarissable. Le thème du morceau précédent sert de base au morceau suivant, qui le reprend avec d’autres nuances. Et la grande course continue avec « People-vultures ». Le rythme s’adoucit un peu avec « Mr. Beat », garni d’orgue et de voix angéliques, mais l’accélération revient bien vite sur « Evil death roll », lardé de giclées de guitare acide et de bruissements électroniques. Une autre alternance plus aérienne s’opère sur « Invisible face », caribéen dans l’âme, avant que du rock lourd ne prenne le pouvoir sur le costaud « Wha wah », qui constitue une impeccable transition vers le bien nommé « Road train », sorte d’incantation robotique d’où jaillissent des voix cybernétiques et viriles. Ce dernier titre est prétexte à l’explosion finale des instruments qui s’en donnent à cœur joie dans la confection d’un feu d’artifice rock ‘n’ roll. La fin brutale de ce dernier titre semble correspondre au début du premier morceau, ce qui invite à l’écoute en boucle de l’album dans une perspective d’infini, d’où son titre.

Influencé par un croisement Hawkwind/Thee Oh-Sees, cet excellent album vient compléter la discographie déjà prometteuse de King Gizzard & The Lizard Wizard, un groupe avec qui il va falloir compter. Ceux qui ont survécu à leur concert démentiel au club de l’Ancienne Belgique le 2 mars dernier le savent déjà.

Pays: AU
Heavenly Recordings
Sortie: 2016/04/29

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