FACTOR HATE – Scary tales
La machine à remonter le temps n’a pas encore été inventée mais de temps à autre, un disque peut servir de remplacement à ce vieux rêve humain. Cependant, cette formule ne nous ramène bien souvent que dans une seule année, sans possibilité de se déplacer ailleurs. Pour l’album « Scary tales » de Factor Hate, ce sera l’année 1988, époque de la sortie de l’album « Operation mindcrime » de Queensrÿche. Et puis quand même le spectre temporel des années 1984-90, avec des souvenirs en provenance d’Accept, Saxon, Pretty Maids ou Alice Cooper.
On retrouve en effet un peu tout ça dans cet album qui se veut être un concept car on a de temps à autres quelques petits interludes où le héros parle avec sa propre conscience, qui l’emmène dans un univers pas très rassurant. D’où vient cette célébration des années 80 métalliques, époque qui semble de plus en plus s’éloigner de notre modernité beaucoup plus sobre? D’un groupe français composé de musiciens ayant déjà gagné quelques galons dans le combo Mainkind entre 2005 et 2010. Kevin Obron (basse et chœurs), Pascal Landais (batterie), Olivier Landais (guitare et chœurs) et Hubert Treynel (guitare et chœurs), les ex-Mainkind, s’associent en 2011 avec le chanteur Thierry Grumiaux, un ex-Heavintage qui se fait appeler The Watcher pour l’occasion. Ses autres camarades, dans la foulée, se rebaptisent respectivement Kev, Sharky, Silver et Hubb.
Le groupe sort un premier EP « The Watcher » en 2013 puis se plonge pendant plusieurs mois sur la mise au point de son premier album. Ce « Scary tales » est centré autour du personnage du Watcher, qui se nourrit des rêves des gens et emmène ceux-ci de l’autre côté du miroir de l’imagination. On est en plein concept fantastico-horrifique cher à Alice Cooper et il ne faut d’ailleurs pas s’étonner si le chanteur pousse sa voix jusqu’à la faire ressembler de très près à celle du grand Alice.
Autre source d’inspiration pour les musiciens, la scène heavy metal traditionnelle des années 80 qui va faire surgir des références assez évidentes à Queensrÿche, avec des choses mélodiques dans la ligne des Pretty Maids et de Dokken. L’histoire racontée dans l’album tient sur seize morceaux, ce qui dénote une certaine inspiration. Et si tout a déjà été imaginé par les grands groupes de métal des années 80, il faut quand même reconnaître à Factor Hate une jolie capacité à se glisser dans les souliers de ses inspirateurs et de trousser d’impressionnants solos de guitares et des riffs bien accrocheurs (« Wild as the wind », « Asylum », « Black roses », « Reach to the sky »).
Il y a bien des qualités à cet album mais il y a malheureusement quelques petits défauts, qui semblent venir d’une certaine modestie du groupe, qui n’a pas osé pousser son ambition, ce qui aurait pu donner un album plus grandiloquent. The Watcher aurait été bien inspiré de pousser un peu plus sa voix vers le haut et la production aurait gagné à se faire plus puissante et plus profonde. Ici, on a un peu l’impression d’un son étouffé et il a fallu tourner le bouton du volume assez loin pour trouver un volume sonore digne de ce nom.
Mais cependant, insistons encore une fois sur la très bonne tenue de ce disque qui rend hommage à une certaine vision du métal des années 80, quand les cheveux étaient peroxydés, les guitares triangulaires et la mode vestimentaire au caoutchouc des Spandex et au cuir noir des blousons bouffants. C’est un agréable moment pour les nostalgiques de cette époque et pour tous ceux de la nouvelle génération qui veulent découvrir ce que les anciens considèrent comme un âge d’or.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2016/04/16