CAUVIN, Jordan – Guitarvision

Et voilà donc le dernier volume des six CD consacrés à Philippe Cauvin par le label français Musea. Mais ici, surprise, ce n’est pas du père dont nous allons parler mais d’un de ses fils. Plus précisément le petit dernier de la famille, Jordan Cauvin, qui a pour frère aîné Thibault Cauvin, venu également participer à cet album.

Ne voyons cependant pas dans ce projet un travail totalement émancipé de Jordan Cauvin par rapport à son père. Philippe Cauvin est effectivement très présent sur cet album puisque c’est lui qui compose la totalité des neuf pièces instrumentales qu’abrite le disque. La teneur des propos va rejoindre ce qui est sans doute le corps de métier principal de Philippe Cauvin : la guitare classique acoustique à l’espagnole.

Cet album est aussi le disque de la nouvelle génération de la nébuleuse Cauvin, puisque non seulement les enfants de Philippe Cauvin sont dans le coup mais on trouve également Jonathan Lamarque, fils de Didier Lamarque, batteur d’Uppsala (l’un des premiers groupes de Philippe Cauvin dans les années 70). Jonathan Lamarque participe à la batterie sur « Muzamuzi » (titre déjà aperçu sur le disque du Philippe Cauvin Except) et « Memento » (qui fait référence à l’album solo « Memento«  de 1984). Antoine Layère (percussions) intervient sur « Aux tourbières » et « Nepenthes » et Thibault Cauvin endosse la deuxième guitare sur « Azar de Azahar », la pièce de résistance de l’album.

Ce morceau en trois parties affichant près de 17 minutes de durée est un hommage à Costa del Azahar, 120 kilomètres de plages s’étendant de Tarragone jusqu’à Valence en Espagne. Comme son nom l’indique, ce morceau est donc une plongée dans la guitare classique espagnole, que Jordan Cauvin a choisi d’enregistrer avec l’adjonction de six guitares dans le mixage. Ce morceau kaléidoscopique est une cathédrale musicale à lui seul. Certes, il y a l’interprétation impeccable de Jordan Cauvin (prix de conservatoire, lauréat de concours, médaillé d’or et tout le toutim) mais il y a aussi la composition extrêmement fouillée de Philippe Cauvin, qui signe ici une œuvre admirable.

Ainsi, à l’écoute de ce disque de Jordan Cauvin (enregistré entre juin et octobre 2015), on se dit que la descendance de Philippe Cauvin est assurée et que la nouvelle génération a tout appris du patriarche. C’est ici que se termine cette évocation de la vie (qu’on espère longue) et de l’œuvre (qu’on espère durable) de Philippe Cauvin au travers de ces six CD, véritable chevauchée musicale dans une contrée aux paysages variés et étonnants. Merci à Musea pour ce travail remarquable qui permettra, on le souhaite, de faire mieux connaissance avec Philippe Cauvin, artiste peu connu mais passionnant.

Pays: FR
Musea Records
Sortie: 2015