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CAUVIN, Philippe – Frôlements

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Ce quatrième CD sur Philippe Cauvin et son œuvre secrète va nous faire voyager dans le temps puisque les morceaux qui y sont réunis proviennent de différentes époques. C’est en quelque sorte une compilation qui évoque les années 1978 (« Renaissance éternelle ») à 1994 (« L’arc du temps »), une période qui voit passer Philippe Cauvin du jazz rock de son groupe Uppsala à des recherches de nouvelles sonorités après ses expériences des années 1980. On voit également apparaître les compagnons de route de Philippe Cauvain, déjà aperçus sur les CD précédents, comme Bernard Dauman ou Serge Korjanevski. On voit aussi pointer de nouvelles têtes, comme le propre fils de Philippe, Thibault Cauvin, qui participe à certains morceaux de cette compilation. Thibault n’est pas le seul fils de Philippe Cauvin, il y a également le cadet Jordan. Je vous dis ça parce que ce jeune homme va apparaître un peu plus tard dans la saga.

Cette série de quinze morceaux nous emmène donc au studio du Chien Jaune à Paris en 1980, au moment où Philippe Cauvin prépare un premier album, qui restera inédit mais dont certains titres figureront dans les successeurs « Climage«  (1982) et « Memento«  (1984). On y découvre de la guitare acoustique rêveuse et hispanisante, façon Aranjuez, avec un chant évanescent aux allures très féminines, bien qu’exécuté par Philipe Cauvin lui-même (« Vertiges », « Gratitude »). Puis nous sommes au studio Carat de Bordeaux en janvier 1989, pour un duo gracile et ensorcelant signé Philippe Cauvin et Serge Korjanevski, guitare contre piano ou plutôt intimement liés (« Approche », « Frôlements »). Le morceau suivant, « Mélopées langoureuses », est le premier d’une série de trois qui jalonnent le disque et qui viennent tous du studio Le Mag, lors d’une session réalisée au printemps 1988. Ici aussi, la guitare tendre assiste un chant très aérien et aigu, presque inaccessible. Une marque que l’on retrouve sur « Sérénade chimérique » et « Ballade nébuleuse », les deux autres morceaux.

« Tranche de vie », capté en 1991, donne plus dans la chanson française, avec des textes parfaitement identifiés. Le duo Cauvin-Korjanevski est de retour sur « A distance » et « Eclat d’automne », qui datent de 1987 et qui réutilisent cette osmose magique entre les deux compères à la guitare et aux claviers. Des textes de Serge Korjanevski sont récités par Philippe Cauvin, accompagné de sa seule guitare, lors de concerts donnés à Bordeaux en 1993 (« Coste et Jukka ») et 1994 (« L’arc du temps »). Dépouillé et plaintif, le style de Philippe Cauvin n’en reste pas moins poignant.

De tous les CD édités par Musea, ce « Frôlements » est sans doute celui qui aide le mieux à saisir la pensée musicale de Philippe Cauvin, « troubadour martien » comme il a pu être défini par les rédacteurs de notes de pochettes de ces CD joliment documentés et iconographiés. Inclassable, en promenade dans d’autres dimensions, Philippe Cauvin est un artiste hors-norme, habité par son œuvre et intransigeant sur l’expression à lui donner. S’il n’intéresse qu’une poignée d’amateurs, ce n’est pas un échec commercial, c’est une chance folle pour ces amateurs.

Pays: FR
Musea Records
Sortie: 2015

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