MOONLAMB PROJECT – Snakes and monkeys
Il n’y a pas que sur les berges du Mississippi ou au cœur de la Nouvelle-Orléans que l’on détient les clés du blues. En Belgique aussi, on sait faire. Exemple avec le premier album de Moonlamb Project, qui fait suite à un premier EP qui avait été une jolie surprise en 2014. C’est toujours le duo composé de Michaël Honorez (chant et guitare) et Cédric Lambert (harmonica) qui fait tourner la boutique. Ces deux-là ont eu le temps d’épaissir leur cuirasse au contact du blues et de s’enfoncer davantage dans les arcanes de ce dernier. Quelques concerts de plus ces dernières années, quelques écoutes d’artistes permettant de les inspirer et les gaillards revendiquent enfin la paternité d’un premier album estampillé blues rural, doté de tous les attributs qui conviennent.
En studio, les deux hommes se sont entourés de quelques invités (Jean-Michel Matthew, batterie ; Philippe Quewet, basse et contrebasse ; André Lecomte, piano et Tom Nizet, percussions) et sont allés chatouiller les pieds des fantômes de Robert Johnson ou de John Lee Hooker en composant neuf morceaux à la rusticité authentique, juste trahis par l’accent francophone du chanteur. L’harmonica de Cédric Lambert, par contre, n’a pas d’accent liégeois ou namurois, il porte la voix de l’Amérique profonde avec ses plaintes éraillées et ses hululements marécageux.
Parmi la brochette de titres qui composent ce « Snakes and monkeys », on reste particulièrement en arrêt devant le magnifique « Bitter love », cinq minutes de tranquillité tendue, tenaillées par les langueurs de la guitare et les ondulations moribondes de l’harmonica. Tout cela sent l’usure, le désappointement, l’attente d’un espoir qui ne viendra jamais. Du grand ouvrage. Dans le même genre, l’instrumental « Black mamba » est sidérant, semblant exhorter les morts à sortir de terre, à convoquer les poussières des planteurs de coton, des blues shouters des juke joints, des petits voleurs de pommes cramés par le Ku-Klux-Klan. Ce titre ferait merveille dans un western avec des zombies à la place des braqueurs de banque.
L’accent mis sur ces deux merveilleux morceaux ne veut pas dire que les autres chansons ne valent pas tripette. Elles savent aussi enchanter, bien entendu, avec du douze-mesures chatoyant (« New romance ») ou primesautier (« Morning rag »). La conclusion est donc simple : Moonlamb Project se range parmi les très bons groupes belges qui consacrent leur énergie au blues et sa discographie naissante mérite toute notre considération.
Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2016/04/15