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DAGHRAVEN – # 1

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Si vous passez par Louvain, méfiez-vous. Dans cette vénérable ville flamande se cache un certain Kevin Imbrechts, dont le petit studio personnel émet une musique capable d’ouvrir des failles spatio-temporelles directement sur de nouvelles dimensions. S’il vous happe avec sa musique, vous vous retrouverez dans des univers parallèles sujets à d’immenses combats de dieux électroniques et à des écoulements sourds et puissants de masse sonore synthétique. C’est tout cela que l’on retrouve dans la musique de Daghraven et de son premier album « # 1 », qui sort sur le label Consouling Sounds.

Le simple nom de ce label, dont on espère qu’il commence à être connu, suffit à évoquer des univers insoupçonnés, livrés à l’avant-garde électronicienne, à l’expérience sublime dont on ne se remet jamais. Avec Daghraven, on est reparti pour un tour dans le monde insensé des sonorités cosmiques et nébuleuses, enfermés dans du drone aux issues solidement bouclées.

Kevin Imbrechts (aidé au piano par Beatrijs De Klerck) a extrait de ses machines des ambiances à la fois célestes et angoissantes, illustration sonore d’un film d’horreur science-fictionnesque ou de science-fiction horrifique, comme on veut. Nous voici errant dans des espaces infinis (« Hoort de engelen wenen ») ou déambulant dans les couloirs d’une maison hantée (« De tand des tijds »), taraudés par des clowns grimaçants et sanguinolents. Ces évocations effrayantes sèment leurs effets sur la durée, avec des morceaux de sept minutes en moyenne, de quoi voir venir les ombres ou entendre cliqueter les couteaux de boucher.

Il reste néanmoins un espoir, une lueur, avec l’appel du cosmos qui semble indiquer qu’il y a une sortie à ce labyrinthe sonore (« De zon schijnt toch ook voor u? »). C’est à travers ces brumes vaporeuses qu’il va falloir se frayer un chemin pour retrouver la lumière, en suivant d’infimes mélodies perdues dans une masse sombre (« Gedane zaken nemen geen keer »). Enfin, un piano solitaire semble indiquer des retrouvailles avec une dimension réelle (« Den tans in tranendal »). Mais cette mélodie fluette se perd à nouveau dans les brumes synthétiques (« Op de laatste rij, daar zwijgt Ge niet »), jusqu’à ce que l’on retrouve l’apaisement des grands espaces, souligné par des ondes diaphanes et angéliques qui nous emportent dans une course de plus de treize minutes (« Ten halve gekeerd, ten hele gedwaald »).

La redescente sur terre va être quelque peu déstabilisante après une telle expérience. Comment retrouver son petit univers terrien, avec les voisins de palier, les sens interdits, le café froid, après avoir tutoyé les titans dans la huitième dimension? Il y a une solution : on n’affronte plus rien et on y retourne.

Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2016/03/26

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