IRIS VON GUL – Iris Von Gul
Ce nom pourrait évoquer une chanteuse décadente des bas-fonds de Berlin ou une aristocrate prussienne convertie à l’aide humanitaire mais il n’en est rien, Iris Von Gul est le nom d’un groupe bordelais créé en 2013 par Sam Barbier et Denis Dedieu. Ces deux garçons forment d’ailleurs un duo et n’ont pas recruté davantage de membres. Ils font pourtant du bruit comme quatre avec un métal industriel fortement influencé par Nine Inch Nails, Marilyn Manson et, dans une moindre mesure, Danzig.
Iris Von Gul réalise un premier EP « Decay is dead » dès septembre 2013. La rapidité de la mise au point de ce disque s’explique par le fait que les morceaux qui y figurent avaient déjà été enregistrés à l’époque où Sam Barbier et Denis Dedieu dépensaient l’énergie de leur adolescence dans un groupe appelé Decay. Les quelques morceaux de cet EP révèlent déjà une démo du titre « Artémis » qui figure sur le disque ici présent. On trouve aussi une reprise du « Dead of the world » de Marilyn Manson, ce qui en dit long sur les obsessions de ces garçons. Une reprise de « Rythm.Hope.Answers » du collectif franco-belge Thot apporte une preuve supplémentaire de la culture pointue des gens d’Iris Von Gul en matière d’indus.
Sur « Iris Von Gul », objet qui oscille entre l’album long format (34 minutes de durée) et l’EP (seulement six titres), les Bordelais électriques s’en donnent à cœur joie et vont vrombir la machinerie électronique au service de murs de guitares tueuses (« The breaker »). On sent également quelques petites fragrances en provenance des vétérans de Killing Joke sur ce titre qui marque un démarrage efficace de l’album. La tension est maintenue sur le festif « Artemis (on the road) » qui sait aussi ménager des moments plus feutrés. C’est encore cette coexistence entre le chaud et le froid qui prévaut sur « All I love », au démarrage pianistique et à la fin beaucoup plus énervée. « All day long » n’hésite pas à faire intervenir des atmosphères plus oniriques, avec chœurs angéliques et pénétration en douceur de claviers tantôt doucereux, tantôt cassants. « Kill you » fait beaucoup moins dans la subtilité avec des assauts électro-indus rageurs qui explosent dans des gerbes de flammes. On termine avec l’étrange « Sweet baby’s gone » dont les dix minutes sont quand même occupées par cinq dernières minutes de bruitisme électronique répétitif. Les types ont dû aller boire un coup à la buvette du studio et ont laissé les instruments allumés.
Ces cinq dernières minutes de drone névrotique permettront de trier les habitués de ce genre de frasques des autres qui seront rapidement devenus fous. Pour expérimentales qu’elles soient, elles ne reflètent pas l’ambiance générale de l’album d’Iris Von Gul, qui signe ici un disque plein de vigueur et d’énergie. Classique dans le genre, mais éminemment sympathique.
Pays: FR
We Are Vicious
Sortie: 2016/01/10