PICCI – Hamburg memo (II)
Lorsque les fées se sont penchées sur son berceau, elles ont donné à Picci un petit morceau de l’âme de John Lennon. Mais comme John Lennon était encore vivant au moment où Picci est né, disons que c’était une avance sur recettes. Et en effet, lorsque le bon John Lennon a quitté cette terre, les morceaux de son âme qui étaient dus à Picci sont allés rejoindre l’inconscient de ce Parisien né trop tard pour être psychédélique et trop au sud pour être un swinging Londonien.
Car quand on entend Picci chanter, on sent effectivement remonter des relents lennoniens évidents. C’est assez vrai sur son deuxième album « Hamburg Memo (II) », ça l’est un peu moins sur son premier album « Double Dutch », sorti en 2009. Mais déjà sur ce premier opus, on pouvait déjà percevoir une voix très intéressante, un peu saline, dotée d’une incontestable personnalité. Ce « Double Dutch », à la pochette en collage où on reconnaissait notamment la fameuse actrice érotico-horrifique Ingrid Pitt (une des stars de la Hammer au début des années 70) avait de quoi mettre sur la table son petit lot de culture underground. Musicalement, cet album développait un pop rock un rien décalé, animé par un certain esprit indépendant, toujours mis en relief par la voix de Picci.
Sept ans plus tard, ce jeune quadra revient avec « Hamburg Memo (II) », plus marqué par une pop psychédélique Sixties à forte connotation beatlesienne. On repère quelques clins d’œil au rock anglais des Sixties, ne serait que par le titre de l’album qui évoque Hambourg, la ville allemande où les Beatles et quelques autres combos anglais firent leurs débuts dans le célèbre Star-Club. Un petit remixage rapide du « Boris the spider » des Who sur le premier morceau « Intro DTH » est aussi une référence évidente. Enfin, les deux derniers morceaux s’appellent « Mersey beat I » et « Mersey beat II », en rappel de la rivière qui baigne Liverpool, la ville des Beatles, et qui a donné son nom au son des groupes de rock en provenance de cette région au début des années 60.
Ce que l’on trouve dans ce « Hamburg memo (II) » est un charmant assemblage de toutes sortes de styles, entre blues (« Intro DTH »), rock lennonien (« Once in a while », « What to do »), folk rock (« Just seen mama »), gospel psychédélique à plusieurs voix (« God will let them know »), psychédélisme nerveux (« Death of a beast ») ou tranquille (« Mr. Feather’s funeral »). La voix de Picci est toujours présente et captivante, rappelant non seulement celle de John Lennon mais associant aussi des sonorités provenant de Syd Barrett, Phil May ou Roger Chapman. Son « Stormy Monday » est à la fois un croisement entre les Beatles de « Revolution » et les Pretty Things de « Parachute », dégoulinant de fuzz, à l’ancienne, façon hard rock psychédélique.
Voici un album à la fois classique dans son inspiration mais doté d’une belle personnalité, grâce à la voix toujours bien placée et versatile de Picci, un garçon qui devrait nous faire profiter de ses talents un peu plus souvent qu’une fois tous les sept ans.
Pays: FR
Dakota Records
Sortie: 2015/12/25