JACK AND THE ‘ – Melody cycle
Il y a des groupes qui enregistrent leur album en deux jours au fond d’une cave avec un dictaphone en guise de table de mixage, il y en a d’autres qui passent deux ans à assembler patiemment des collages instrumentaux hyper sophistiqués et à tisser des pièces de dentelle musicale avec la patience d’une araignée qui aurait installé sa toile dans le tuyau d’une soufflerie. Julien Longchamp et son Jack And The ‘ font partie de cette seconde catégorie.
Français émigré à Edimbourg, Julien Longchamp coule des jours mornes sur les bancs d’une fac de sciences où il prépare une thèse en science des aliments. Ses expériences scientifiques sont de plus souvent remplacées par des séances de composition de morceaux de musique et de répétitions. Les expectatives diététiques ne tardent pas à sombrer pour laisser la place à une vocation musicale qui se manifeste dès 2009 avec la création de Jack And The ‘. On ne sait pas trop ce que cache l’apostrophe mais elle montre déjà le signe d’une certaine originalité, voire d’une finesse stylistique.
Julien Longchamp écrit donc des chansons et met sur pied un premier album dont il confie le mixage à des musiciens pointus de la pop française (Orwell, Variety-Lab et Cascadeur). « Vacation (A pop manifesto) » sort en 2012 et trouve d’abord un marché de distribution en… Thaïlande. Par la suite, le label Folkwit Records effectuera le relais en Europe.
L’étape suivante est constituée par ce « Melody cycle », dont les conditions de réalisation ont pris la bagatelle de deux ans, avec des séances d’enregistrement partagées entre Dublin, Edimbourg et Nancy. Effectivement, vu le nombre de musiciens impliqués dans l’affaire (pas moins de 18), il a fallu fournir un travail de romain pour collecter les parties de saxophone, de piano, de clarinette, de violoncelle, de vibraphone, de banjo, les voix, les chœurs et tout le toutim, puis assembler tout ceci dans 18 morceaux aux compositions subtiles, toutes en musique pop de chambre et en délicatesses jazzy. Julien Longchamp a ainsi constitué son propre groupe Jack And The ‘ et y a ajouté des collaborations avec The Apostrophe Ensemble pour les instruments à vent, les cuivres, les percussions et les cordes, ainsi qu’avec un certain Quintet Tarantino pour des cuivres supplémentaires sur la chanson « The duchess’ latest whim ».
Le résultat est un petit chef d’œuvre de pop orchestrale, teinté de psychédélisme douillet et de chamber pop cristalline. Le Pink Floyd de 1967 vient chatouiller des airs de Barry Ryan ou de Michel Polnareff sous le regard attendri de Petula Clark, le tout dans une approche moderne et contemporaine. De gentilles bluettes comme « Chicory salad », « Dinner at the Andersons’ », « The secret part of town », des chansonnettes veloutées comme « Entropy and me » ou « Snowy days » viennent égayer les tympans et redonner du cœur à l’ouvrage. Cet album sent bon la cannelle et le sucre roux, il bruisse comme une volière de petites mésanges printanières, il calme les angoisses et soigne les rhumatismes.
Tout innocent, tout joyeux et rêveur, « Melody cycle » est l’antidote idéal à la morosité de fin d’hiver. Avec lui, le printemps approche à grands pas.
Pays: GB
Hot Puma Records
Sortie: 2016/02/22