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INGMAR – Ingmar

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Formé à Strasbourg en 2014 par Sarah Jamali (chant), Vincent Posty (basse, guitare) et Pascal Gully (batterie), Ingmar trouve son inspiration dans ce qui constitue l’essence même de son nom, le cinéma. En effet, le nom de ce trio fait instantanément penser à Ingmar Bergman, le célèbre réalisateur suédois, auteur du « Septième sceau » ou de « L’heure du loup ». L’œuvre d’Ingmar Bergman n’est pas forcément la plus facile d’accès et ce postulat vaut aussi pour Ingmar, qui opère dans des improvisations directement inspirées par le visionnage de films de grands maîtres du septième art.

C’est ainsi que le groupe remercie sur son premier album des gens comme Jim Jarmusch, David Lynch, Rainer Werner Fassbinder, Stephen Soderbergh, John Cassavetes, Sydney Lumet et bien sûr Ingmar Bergman. Les références sont pointues, les personnages hautement intellectualisés. Ici, les amateurs des films de Max Pécas, Philippe Clair ou Claude Zidi vont se retrouver légèrement largués par les propos musicaux aventureux d’Ingmar.

Il manque un nom dans la liste d’Ingmar, celui d’Alejandro Jodorowsky. Dans le genre décalé, il aurait très bien correspondu au style déroutant de ce groupe qui est littéralement épatant en termes d’originalité. Au départ, on croirait entendre une version modernisé de Gong, avec un psychédélisme foufou traficotant un bric-à-brac de sonorités aventureuses et alambiquées. Mais des références plus modernes ne tardent pas à venir à l’esprit, comme Jesus Lizard pour ce qui est de la basse captivante de Vincent Posty. Cependant, il est clair qu’Ingmar possède aussi sa personnalité propre, ne serait-ce que par la voix volatile de Sarah Jamali. Celle-ci enjôle, vitupère, menace, scande, crie, hurle, envoûte selon qu’on se trouve dans des phases calmes ou plus folles de la musique, déclinée en neuf morceaux tous riches de leur personnalité propre et de leur lot de surprises diverses.

Ce genre de chose, on ne peut pas l’écouter d’une oreille discrète, en replantant ses bégonias ou en réparant sa machine à laver. On est obligé de se caler dans le fauteuil, prisonnier du casque ou enfermé dans l’enceinte de la chaîne hi-fi. Evitez aussi le soleil, préférez la pluie. Et là, la musique foncièrement improvisée qui jaillit de « Persona », « Kafka », « Persona », « Kill the noise », « Dog day » ou le furieux « Comptine » vous tombera dessus avec force puissance évocatrice, déséquilibre soigneusement entretenu et accès de colère froide.

Pour ceux qui privilégient l’originalité pour juger de la qualité d’un groupe, Ingmar se place ici parmi l’un des meilleurs placements du moment. Il va falloir se décarcasser un peu pour trouver cet album autoproduit mais le jeu en vaut vraiment la chandelle.

Pays: FR
Ingmar INGM001 (autoproduction)
Sortie: 2016/01/10

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