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SCHENKER – PATTISON SUMMIT – The Endless Jam Continues

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L’association entre le guitariste allemand Michael Schenker et le chanteur Davey Pattison semble perdurer. Pour ce second opus, le batteur Aynsley Dunbar est également toujours de la partie, mais, à la basse, le vétéran Tim Bogert a succédé à Günther Nezhoda.

Cet album, comme le précédent, ne comprend que des reprises, parfois très célèbres. La raison d’un album pareil reste toujours bien difficile à cerner. L’envie de quelques artistes réputés de se faire plaisir ? Leur manque actuel d’inspiration ? Le besoin d’enrichir leurs comptes en banque ? En fait, dès la première écoute, tout cela n’a plus guère d’importance tant la qualité des compositions est grande et l’interprétation, magistrale.

Pour suivre, un bref rappel :

A moins de seize ans, le guitariste allemand Michael Schenker, né en 1955, rejoint Scorpions que vient de fonder son frère Rudolf Schenker. Après l’enregistrement d’un premier album, il quitte Scorpions pour UFO en 1973, groupe dans lequel il avait déjà joué l’année précédente, remplaçant, en catastrophe, Bernie Marsden, futur Whitesnake, pour une tournée en Allemagne. Dans UFO, ses compositions, son jeu flamboyant, directement accrocheur, font merveille et le succès d’UFO explose littéralement. D’un naturel picoleur et instable, disparaissant soudainement, en proie à des crises d’égo de certains de ses collègues, il finira par être viré du groupe (il les retrouvera occasionnellement par après). Il réintégrera alors Scorpions et enregistrera avec eux l’album « Lovedrive » en 1979, avant de démarrer une carrière en solo et de monter le Michael Schenker Group, qui rencontrera un beau succès, et dont l’album « One Night at Budokan », en 1982, est un bel exemple (avec son meilleur chanteur, Gary Barden). Depuis, en tant que compositeur prolifique, il continue d’éditer régulièrement de nouveaux albums, tantôt sous son nom propre, tantôt sous celui du Michael Schenker Group (MSG), tantôt en y associant le nom de ses collaborateurs, comme pour le McAuley-Schenker Group ou maintenant le Schenker-Pattison Summit.

Le chanteur écossais Devey Pattison, quoique moins renommé, a, malgré tout, une belle carrière derrière lui et participé, à partir de 1979, aux quatre projets du brillant guitariste Ronnie Montrose, Gamma. Il a également collaboré régulièrement avec le guitariste Robin Trower, à une époque où le succès de celui-ci l’avait déjà abandonné. Il n’a enregistré que deux albums en solo, « Mississipi Nights » et « Pictures ».

Le bassiste américain Tim Bogert, né en 1944, s’est surtout illustré dans deux immenses groupes où son association avec le batteur Carmine Appice est restée inoubliable : Vanilla Fudge de 1966 à 1970, réactivé récemment, et Cactus de 1970 à 1973, un groupe dans un registre semblable à celui de Cream. Par après, Tim Bogert, toujours avec Carmine Appice rejoindra brièvement Jeff Beck pour un album décevant en 1973. Tout aussi décevant sera l’album du duo avec le guitariste Rick Derringer (Johnny Winter, Edgar Winter, Steely Dan, …), en 2001. Bien que son registre soit toujours plutôt Hard, sa caractéristique principale reste la rondeur de son jeu, alliée à une dextérité impressionnante.

Les contrats du batteur anglais Aynsley Dunbar, né en 1946, ont toujours pullulé et, même si ses origines respirent le Blues, on l’a toujours mis à toutes les sauces. C’est le type même du batteur « tout terrain ». Quelques noms : John Mayall, Aynsley Dunbar Retaliation, Jeff Beck, Frank Zappa, Shuggie Otis, John Lennon, David Bowie, Journey, Jefferson Starship, Whitesnake, Pat Travers, Leslie West, …

Ont également participé à cet album : Kevin Curry (Guitares rythmiques et acoustiques), Mark Robertson (Claviers), Jesse Bradman (Background Vocaux) et Craig Small (Percussions sur 1).

Ci-dessous, les titres de ce CD (65’52) :

  1. « Rock Steady » (P. Rodgers)
  2. « While my Guitar Gently Weeps » (G. Harrison)
  3. « Too Rolling Stoned » (R. Trower)
  4. « Layla » (E. Clapton/J. Gordon)
  5. « I’m Losing You » (C. Grant/E. Holland/N. Whitfield)
  6. « The Hunter » (S. Cropper/D. Dunn/A. Jackson/B.T. Jones/C. Wells)
  7. « Badge » (E. Clapton/G. Harrison)
  8. « I Don’t Need No Doctor » (N. Ashford/V. Simpson)
  9. « Dear Mr. Fantasy » (J. Capaldi/S. Winwood/C. Wood)
  10. « Wang Dang Doodle » (W. Dixon)
  11. « I’d Love to Change the World » (G. Barnes)

Quelques constatations générales :

  • Premièrement, et on s’en compte tout au long de cet album, Michael Schenker est et restera toujours, fondamentalement, un musicien de « Hard Rock », et cela ressort même quand il joue un répertoire « Blues ».
  • Deuxièmement, le côté Blues est clairement amené par un excellent Davey Pattison, fortement influencé par Paul Rodgers, mais à la voix moins éraillée, plus fluide et moins poussée aux extrêmes.
  • Troisièmement, le duo rythmique composé de Tim Bogert et Aynsley Dunbar marche du tonnerre. Deux grands professionnels confortés ici par le guitariste Kevin Curry, dont le nom se retrouve injustement en tout petit sur la pochette.

Quelques titres plus en détail :

Dans tout cela, deux titres sont vraiment marqués dans ma mémoire par l’interprétation de Paul Rodgers. « Rock Steady » vient du premier album de Bad Company, « Bad Company » (avec Mick Ralphs), en 1974 ; « The Hunter » se retrouve sur le premier Free, le trop oublié « Tons of Sobs » (avec Paul Kossoff), en 1968, et sur « Muddy Water Blues » (avec Slash), un album en solo de Paul Rodgers, en 1993. L’excellente version de ses deux plages reste bien dans la ligne originelle pour le chant, mais devient plus saignante par la rythmique et, plus spécifiquement, les guitares. C’est dans « The Hunter » que Michael Schenker reste le plus « Blues ».

« Badge » était sorti en 1969 sur « Goodbye » de Cream et était un des rares titres chanté par Clapton dans ce groupe. Ici, Pattison l’interprète bien dans la même lignée. Il conserve le même ton pour « Layla », au départ sur l’album « Layla » de Derek & The Dominos, en 1970, ce qui en modifie positivement le résultat, car, il faut bien avouer que, dans ces années-là, le chant de Clapton était loin d’être parfait et abouti. A la guitare, Michael Schenker n’a rien à envier à qui que ce soit, même s’il est parfois un peu longuet.

« While my Guitar Gently Weeps » date de l’ « Album Blanc » des Beatles, en 1968, et est un classique d’Harrison. L’interprétation en est ici plutôt fidèle et pleine de modération.

« Too Rolling Stoned » se trouve sur l’album « Bridge of Sighs » de Robin Trower, en 1974. Robin Trower a toujours joué son « Blues » très nerveusement et cela convient merveilleusement bien à un Schenker éblouissant. Pattison y est tout aussi à l’aise, surtout qu’il a sûrement souvent chanté ce classique de Trower. Superbe !

Quelle perle que ce « I Don’t Need No Doctor », qui fut également un classique dans le répertoire d’Humble Pie. Michael Schenker s’y éclate sur une rythmique implacable, comprenant Kevin Curry. Davey Pattison parvient directement à trouver la bonne interprétation, sans jamais forcer sa voix. Génial !

Personnellement, j’ai toujours eu une petite faiblesse pour Willie Dixon, peut-être pour son sens particulier du rythme. « Dang Wang Doodle », souvent repris par Howlin’ Wolf, permet de faire un peu revivre cet auteur trop souvent en seconde ligne.

« Dear Mr. Fantasy », un peu atypique dans ces onze morceaux, provient de « Mr. Fantasy » de Traffic en 1967. Belle interprétation de Pattison et superbe solo final, ultra-speedé, de Schenker.

En définitive, rien de bien neuf dans tout cela, mais un bon rappel et un vrai plaisir imposant également une réécoute des albums originaux.

A consommer sans modération !

Pays: US
Mascot Records M 7108 2
Sortie: 2005/04/03

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