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EMERSON, Keith TRIO – The Keith Emerson Trio

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Oui, il s’agit bien ici du grand Keith Emerson, célèbre pour son groupe Nice dans les années 60 et surtout Emerson, Lake & Palmer dans les années 70. Mais, non, il ne s’agit pas d’un tout nouveau groupe monté par le désormais septuagénaire claviériste anglais et qui aurait échappé aux amateurs éclairés de rock progressif. Bien au contraire, le Keith Emerson Trio est en fait la première trace enregistrée d’un Keith Emerson parfait débutant. En effet, nous sommes ici en 1963, c’est-à-dire au paléolithique du rock progressif.

L’année où les Beatles deviennent fameux et où les Rolling Stones sortent leur premier 45 tours, le jeune Keith Emerson écoute du jazz à longueur de journée dans sa petite ville de Worthing, à quelques kilomètres de Brighton. Il a 18 ans et en est à l’âge des premiers groupes de lycéens qui se font les dents sur les standards de rhythm ‘n’ blues et de jazz de l’époque. C’est ainsi qu’il s’acoquine avec Godfrey Sheppard et David Keene, qui jouent respectivement de la contrebasse et de la batterie.

C’est à cette occasion que Keith Emerson et ses compagnons enregistrent sur bande magnétique quelques morceaux issus du répertoire jazz. Ils devaient être dans le salon familial et Keith Emerson a tiré quatre acétates de ces enregistrements, résumés à sept morceaux instrumentaux. Les trois garçons ont conservé chacun un acétate et une dernière copie a été préservée quelque part. Puis le temps passe, Keith Emerson entame la carrière que l’on sait et ces sept morceaux de jazz sont oubliés à tout jamais.

Sauf qu’un demi-siècle plus tard, un ami de Keith Emerson vient le voir avec une mystérieuse rondelle de vinyle sous le bras. C’est le fameux quatrième acétate de 1963 qui a été découvert par hasard lors d’une brocante. Il n’en faut pas plus à Keith Emerson pour se décider à publier finalement ces sept morceaux sur son propre label Emersongs Ltd et faire découvrir au grand monde la première trace de sa carrière musicale.

Enfin, le grand monde se limitera surtout au cercle des amateurs de Keith Emerson ou de jazz, à condition qu’ils ne soient pas trop bégueules sur la qualité sonore de ce petit album. La chose ne dure que 24 minutes, est enregistrée avec les moyens du bord mais est bouleversante de simplicité et de naïveté. Et au passage, elle révèle déjà les qualités phénoménales de Keith Emerson derrière les claviers. Le trio reprend des morceaux de Leo Robin (« You say you care »), Harry Warren (« There will never be another you »), d’Oliver Nelson (« Teenies blues »), de Bob Russell (« You came a long way from St. Louis ») et d’Hank Mobley (« Soul station »). On est dans le jazz et le boogie des années 40 et 50, ce qui confirme l’idée que ce disque intéressera avant tout les historiens d’Emerson, Lake & Palmer plutôt que les fans de rock progressif. Mais c’est une façon intéressante d’étudier l’évolution et l’inspiration des musiciens rock à leurs débuts.

Pays: GB
Emerson Ltd KE001
Sortie: 2015/11/06

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